Histoire : Je ne connais pas très bien les circonstances de ma naissance ni pourquoi c'est arrivé mais je sais que je ne suis pas née naturellement. J'ai été conçue dans une éprouvette en laboratoire par des gens un peu tordus qui ont voulu jouer à dieu et créer un être à demi humain et à demi cervidé. Je ne sais pas précisément de quelle espèce de cervidae mon ADV a été prélevée (ils se ressemblent tous de toute façon) mais ce qui est sur c'est qu'ils ont fait des erreurs quelque part parce que je suis une femme avec des traits d'animal mâle. À moins que je sois hermaphrodite sans l'avoir remarqué, c'est clairement une erreur.

Je ne me souviens pas très bien du début de mon enfance. Probablement que j’étais très jeune et que j’ai tout oublié volontairement comme quand on vit un traumatisme et qu’on en garde aucun souvenir. C’est plausible puisque des animaux dans un grand élevage risquent d’être maltraités alors imaginez des monstre mi-humain mi-animal…
Je sais que je me suis échappée et je m’en souviens très bien. J’ai voulu partir et je suis sortie de l’endroit où se trouvait l’élevage. J’ai passé la porte sans que les gardiens tentent de me retenir. Je n’ai pas tout de suite compris pourquoi, j’étais bien jeune pourtant.
J’ai commencé à courir avant qu’ils ne se réalisent que j’étais entrain de me sauver. Je me suis transformée en animal pour pouvoir courir plus vite. Grave erreur de ma part, surtout en pleine saison de chasse. J’avais choisi le pire moment pour me sauver.

Avec mon ouïe de chevreuil, j’ai entendu une brindille craquer. Avec mes grands yeux brillants, j’ai vu le chasseur. Avec les nerfs dans ma peau, j’ai senti la balle me blesser. Avec mon pouvoir d’animagus, j’ai repris forme humaine. Avec mon esprit, j’ai senti le sommeil venir me chercher. Avec mes grands yeux bruns, j’ai vu la lumière s’éteindre...

Je me suis réveillée chez un vétérinaire. Ça m’a étonnée de me retrouver là, je suis à moitié animal c’est vrai mais… À bien y réfléchir j’étais à ma place.
Couchée dans une petite pièce, entrain de me réveiller sous le regard bienveillant et remplis de compassion du vétérinaire et des techniciens en soins animaliers. J’étais bien malgré ma blessure et la douleur. Jamais je n’avais vu quelqu’un s’inquiéter à mon sujet, ça me réchauffait le coeur.

J’ai vu une technicienne sortir de la salle et quand elle est passé par la porte j’ai vu le chasseur de l’autre côté. J’ai pris peur et j’ai commencé à paniquer. J’avais peur qu’il termine ce qu’il avait commencé. J’ai voulu me lever et m’en aller mais on m’a retenu sur la table et la douleur m’a empêché de me débattre. J’étais encore jeune, ce n’était pas bien difficile de m’empêcher de bouger.
On m’a fait comprendre que le chasseur ne me voulait pas de mal, il était inquiet lui aussi. Ça doit être traumatisant de s’apercevoir qu’on vient de tirer sur un enfant, qu’il soit animagus ou humain.

Plusieurs années ont passé et je suis restée avec le vétérinaire. Je n’avais nul part où aller et les animagus n’étaient pas tellement appréciés à l’extérieur. Les employés de la clinique me voyaient comme une pauvre petite chose malheureuse, incomprise et maltraitée, un peu comme un chien qui a été battu et abandonné. Je suis devenue la “mascotte” de la clinique et j’aidais comme je pouvais à soigner les petits patients à quatre pattes. C’est comme ça que j’ai trouvé mon premier chez-moi.

En me faisant passer pour une humaine, au moment de la mue quand mes bois tombaient, une des employés qui se faisait passer pour ma tutrice allait renouveler mes papiers quand j’en avais besoin. Aux yeux du système du pays, j’étais une humaine. Les années ont passé et j’ai pu le faire par moi même rendue à l’âge de 18ans. J’étais fière de presque pouvoir le faire moi même… Je devais être accompagnée en cas d’ennuis.

C’était difficile pour moi de vivre ainsi. Je ne pouvais jamais sortir seule parce que si quelque chose m’arrivait tout le monde aurait eu des problèmes. Quand il y avait des gens qui arrivaient avec leurs animaux, je devais rester à l’arrière de la clinique ou dans la pièce qui me servait de chambre. Même ma chambre me dérangeait. J’y étais presque toujours enfermée et elle était en fait un ancien placard avec à peine assez de place pour mon lit et une commode. Je vivais dans un placard au fond du couloir… C’est bien mieux qu’un élevage, un laboratoire ou un placard sous l’escalier mais c’était quand même désagréable.
Je ne pouvais plus vivre comme ça.

C’est pour cette raison que le vétérinaire m’a parlé de cet endroit. Un endroit où les animagus et d’autre créatures pouvaient vivre paisiblement et en toute liberté. L’idée m’enchantait mais en même temps j’avais un peu peur… C’était dans un autre pays dont je ne connaissais rien. Pour y aller je devais quitter ma famille. Je devais partir loin de la clinique, loin de ma province, loin de mon pays et loin de mon continent. Je devais aller en Irlande.

Mon départ a été difficile et surtout très douloureux. J’ai du quitter ces gens qui m’ont élevé comme si je faisais partie de leur famille et qui ont pris des risques pour s’occuper de moi. J’ai eu à quitter l’endroit que j’appelais “chez moi” sans jamais pouvoir y retourner.

Ce n’était pas une page de ma vie que je tournais en m’en allant… C’était le premier chapitre en entier que je venait d’arracher du livre de ma vie. Impossible de retourner en arrière, impossible de relire ces pages… Mon placard allait me manquer finalement.

Je suis partie un matin pour prendre le premier vol vers l’Irlande. Ma tutrice et quelques employés de la clinique m’ont accompagné et c’est avec les larmes aux yeux qu’on s’est dit au revoir.
Le plus dur a été de devoir leur tourner le dos et de monter à bord de l’avion.

Je ne me souviens plus combien de temps a duré le vol, j’étais dans la lune. Je me souviens juste de quand je suis arrivée. Une carte à la main j’ai pris de bus et des taxi. J’ai eu à marcher un bon moment pour m’y rendre ensuite parce que personne voulait m’y conduire directement. J’avais les pieds en compote, les roulettes de ma valise étaient sur le point de lâcher et j’étais épuisée.
Malgré le départ triste, le long chemin et la douleur à mes pieds j’étais heureuse parce que je me tenais devant les porte de l’école. Je me tenais devant les portes de mon futur.
J’ai poussée les portes et je suis entrée à Sekuen Seruki.

C’est ici que commence ma nouvelle vie.