~ Zélina avait reçu cette enveloppe dans la soirée, au couché du soleil, elle l'avait ouverte soigneusement, déplié la lettre avec intrigue et l'avait lu. Elle n'avait pas bien saisi le sens de "Convocation avec le Dr. Bleyne". Qu'est ce que cela signifiait-il ? Cela n'importait pas, elle avait été éduquée de sorte à ce que lorsqu'un professeur ou un supérieur hiérarchique demande à la voir, elle devait s'y rendre. C'est ainsi qu'elle se retrouvait devant la porte du psychologue. Elle s'interrogeait tout de même sur la raison de cette convocation, trop impatiente de le découvrir, elle donna quelques coups à la porte, attendant la permission d'entrer. ~

Bleyne regardait par la fenêtre du bureau. De là, il pouvait voir la forêt, immense et sombre, s'étendre à perte de vue. Il réfléchissait à ses souvenirs perdus, à ce qui s'était passé dans la cave. Mais rien, absolument rien, un vide absolu, aussi sombre que la forêt qu'il observait.

Soudain, on frappa à la porte. Qui pouvait-ce bien être ? Il se rappelait alors la convocation qu'il avait envoyé à une élève, Zelina. Il avait il y a peu mis à jour sa base de donnée des élèves, qui était maintenant complète, et avait décidé d'en convoquer quelques-uns pour un contrôle de routine. Il avait commencer par elle, car son nom n'était pas indiqué dans le dossier, il voulait vérifier si c'était une erreur, puis faire son profil psychologique.

Bleyne : Entrez !

Sa voix métallique résonnait dans le bureau. C'était la première consultation qu'il faisait depuis l'incident, et une certaine appréhension naissait en lui. Mais il allait faire ce pourquoi il était venu à Sekuen, il devait aider ces organiques. Et peut-être qu'après tout, cela pourrait aussi lui permettre de s'aider lui-même.

~ Zélina n'avait pas eu à attendre longtemps dans le couloir qu'un voix se fit entendre. ~

? : Entrez !

~ Zélina haussa un sourcil, était-ce vraiment une voix ? Cela n'avait aucune comparaison possible dans les souvenirs de la vampire, cela ne semblait pas humain. C'est donc avec précaution qu'elle ouvrit la porte. Elle entra dans la salle sans jeter un regard au psychologue, elle referma d'abord la porte derrière elle, fit quelques pas, défroissa sa robe et leva enfin son regard. Elle ne vit personne. Elle était à présent sur ses gardes, était-ce un piège de sa disciple assoiffée de vengeance ? Il y avait bien quelque chose assit devant le bureau: Comme un mannequin d'acier. Zélina n'y porta aucune attention et fit le tour de la salle. ~

Zélina: Pardonnez-moi Docteur, je ne puis vous voir. Où êtes-vous ?

Bleyne vit entrer la vampire, avec timidité et maladresse, comme si elle cherchait autour d'elle des pièges qui pourraient la blesser. Elle avait une apparence de jeune fille, mais on sentait à ses vêtements et son allure qu'elle avait un lourd passé.

Zélina: Pardonnez-moi Docteur, je ne puis vous voir. Où êtes-vous ?

Était-ce une plaisanterie ? Non, elle avait l'air sérieuse. Et elle n'était pas aveugle, son dossier l'aurait mentionné. Peut-être... Oui Bleyne se dit qu'elle ne devait jamais avoir vu de robot.
Fort bien, il devait s'y prendre... Doucement... Ne surtout pas la brusquer.

Bleyne : Bonjour mademoiselle. Je me trouve juste devant vous, ne soyez pas surprise par mon vieux corps métallique. Ah et appelez-moi Bleyne.

Il tentait de se préparer à toutes les réactions possibles. Après tout, il était normal qu'un organique ai peur d'un robot intelligent... Surtout s'il n'avait jamais vu de robot normal auparavant.

~ Zélina commençait à se demander si elle avait vraiment entendu la permission d'entrer, ne voyant personne dans la pièce, lorsqu'elle entendit de nouveau cette voix métalique retentir: ~

Bleyne : Bonjour mademoiselle. Je me trouve juste devant vous, ne soyez pas surprise par mon vieux corps métallique. Ah et appelez-moi Bleyne.

~ Le regard de Zélina se porta sur le corps métallique assis au bureau. Ses yeux s'écarquillèrent et la panique gagna la vampire. Elle ne pouvait croire en de telles choses, pourtant elle savait que le monde contenait des êtres plus étonnants les uns que les autres, mais elle n'admettait pas que cet homme d'acier puisse être réellement en vie. La raison reprit le dessus, comme si une sculpture de métal pouvait être apte à agir, Zélina avait presque envie de rire à la boutade qu'on lui avait tendu. Elle se contenta d'esquisser un sourire. ~

Zélina: Je vous ai démasqué Docteur. Votre humour est de très bon goût mais retournons aux choses sérieuses je vous prie. Sortez de votre cachette, votre test a échoué. Malgré que j'appartienne à la catégorie des être surnaturels, je garde tout de même la raison.

~ Zélina fixa un moment le placard où elle espérait voir sortir le Docteur. ~

Zélina: Je vous ai démasqué Docteur. Votre humour est de très bon goût mais retournons aux choses sérieuses je vous prie. Sortez de votre cachette, votre test a échoué. Malgré que j'appartienne à la catégorie des être surnaturels, je garde tout de même la raison.

Bleyne avait envie de rire... Et il ne se retint pas. Décidément, les organiques pouvaient parfois être très divertissants. Mais il ne voulait pas faire peur à l'élève qui se tenait en face de lui, aussi ne rit-il pas très longtemps, laissant apparaitre sur son visage un large sourire d'empathie. Il se leva et s'approcha doucement de Zelina

Bleyne : Je peux comprendre votre méfiance, mais je ne suis pas une blague. Même si je dois avouer que cela aurait été très drôle.

Une approche amical, pour ne pas la brusquer.
Il désigna le fauteuil à coté du bureau :

Bleyne : Mais installez-vous, je vous en prie.

Il en faisait peut-être trop... Peu importe, il fallait commencer.

~ Zélina se figea lorsque le mannequin de métal se mit à rire puis à se lever de son siège avant d'avancer vers la vampire. Elle ne riait plus du tout à présent, ce n'était pas une boutade, elle l'avait finalement réalisé. L'homme de métal lui souriait gentiment, il ne semblait pas représenter une menace mais elle le redoutait quand même. Cet être défiait toute logique, comment s'était-il retrouvé ainsi ? ~

Bleyne : Je peux comprendre votre méfiance, mais je ne suis pas une blague. Même si je dois avouer que cela aurait été très drôle.

~ Zélina remarquait que le Docteur tentait de la rassurer et s'adaptait par rapport à son comportement. Elle savait qu'il l'analysait et cela ne lui plaisait point. Qui avait le droit de pénétrer son esprit ? L'homme métal l'invita à s'asseoir sur la chaise en face d'elle. ~

Bleyne : Mais installez-vous, je vous en prie.

~ Zélina, courtoise comme à son habitude, s'avança en face du bureau et s'assit sur la chaise qui lui était présentée. Elle appréciait la galanterie du docteur, elle n'avait plus croisé d'homme ainsi depuis des décennies. Du moins, si elle pouvait le désigner comme un homme... ~

Bien, elle ne s'était pas enfuie en courant, c'était déjà ça. Bleyne sentit sa peur quand elle se rendit compte que tout cela était, que lui était bien réel. Mais elle n'était pas effrayé non plus. Surprise ? Sans doute. On pouvait enfin commencer

Bleyne : Bien mademoiselle... Zelina. Permettez que je me représente. Je suis Bleyne, un de deux psychologues de cette école. Je vous ai convoqué pour deux raisons, mais une chose à la fois. Tout d'abord, j'ai remarqué qu'il n'y avait aucun nom de famille sur votre dossier, je me devais donc de vérifier si c'était une erreur administrative. Est-ce le cas ?

Commencer par ce qui est ennuyeux, pour en venir au plus intéressant. Chaque être vivant qu'il rencontrait était une énigme pour le robot. Sa curiosité le poussait sans cesse à essayer de comprendre, le plus souvent avec succès, les rouages de la personnalité d'un organique. Bien sûr, la personnalité d'une plante est beaucoup moins complexe que celle d'un être doué d'une réelle intelligente, aussi était-il à la limite de l'excitation quand il rencontrait un nouvel être.
Mais la limite n'était jamais dépassée. Il se contrôlait, et ne montrait d'aucune ce qu'il ressentait.
L'être qu'il avait en face de lui, par contre, ne lui cachait en rien sa peur.

~ Zélina se devait à présent d'être digne et ne montrer aucune réticence envers l'homme de métal. Elle attendait de savoir qu'elle était le raison de cette convocation. Il ne lui semblait pas avoir attiré l'attention sur elle mais son avis était trop peu objectif. Le psychologue brisa le silence de sa voix métallique, elle allait enfin savoir la raison de sa venue. ~

Bleyne : Bien mademoiselle... Zélina. Permettez que je me représente. Je suis Bleyne, un de deux psychologues de cette école. Je vous ai convoqué pour deux raisons, mais une chose à la fois. Tout d'abord, j'ai remarqué qu'il n'y avait aucun nom de famille sur votre dossier, je me devais donc de vérifier si c'était une erreur administrative. Est-ce le cas ?

~ A peine l'entretien commencé que cela devenait pénible. Zélina n'aimait pas évoquer sa famille et son passé à l'école. Elle n'avait fournit aucun nom de famille volontairement, en effet, elle voulait garder l'anonymat en venant ici. En devenant cet être assoiffé de sang, elle avait mis de côté sa vie avant la transformation. Bien qu'elle gardait en mémoire certains moments de sa vie, cela n'avait rien à voir avec sa vie actuelle. Elle n'avait aucune envie d'aborder le sujet qu'était sa famille avec le docteur. Pour cela, il lui fallait mentir, bien qu'elle n'avait pas été éduquée ainsi. ~

Zélina: C'est exact docteur, mon nom de famille n'est pas cité dans le formulaire mais ceci n'est pas une erreur administrative. Je n'en ai plus souvenir.

~ Zélina avait osé regarder le psychologue droit dans les yeux en affirmant ce mensonge avec assurance. Elle n'était pas fière d'elle car elle venait de repousser les valeurs que ses géniteurs lui avaient apporté. Était-ce la dernière once d'humanité qu'elle conservait en elle: ses valeurs qu'elle avait humaine ? ~

Zélina: C'est exact docteur, mon nom de famille n'est pas cité dans le formulaire mais ceci n'est pas une erreur administrative. Je n'en ai plus souvenir.

La séance commençait mal... Elle mentait, de façon évidente qui plus est. Une assurance artificielle, un regard droit dans les yeux pour à la fois vérifier le comportement de son interlocuteur et se donner du courage. Tout cela étaient les signes évidents du mensonge. Sans parler du capteur cardiaque de Bleyne, qui avait détecté une augmentation anormale du rythme du cœur de la vampire.
Le robot hésitait entre deux approches... Faire comme si de rien n'était ou lui faire remarquer l'évidence de son mensonge... Elle devait comprendre qu'il était là pour elle, pas contre elle.
Et puis tant pis, au diable les réflexions inutiles :

Bleyne : Vous savez, je suis tenu à la fois par le secret professionnel mais aussi par une éthique plus personnel. Rien de ce que vous ne direz ici ne sera dévoilé, je suis seulement ici pour vous aider. Par conséquent, me mentir ne sert à rien car de toute façon si vous mentez, je le saurais.

Il eu un léger temps de réflexion.

Bleyne : Il est vrai que je peux comprendre votre réticence à me parler. Je suppose qu'en temps normal, vous ne parlerez pas de tout ça à qui que ce soit, mais en plus aujourd'hui c'est à un robot que vous parler. D'où votre méfiance. Si je peux faire quoi que ce soit pour gagner votre confiance, n'hésitez pas à m'en faire part.

~ Zélina ne supportait plus ce silence, le psychologue était clairement en train de réfléchir. Elle craignait qu'il ait découvert son mensonge. Après un moment qui lui sembla une éternité, le docteur reprit la parole. ~

Bleyne : Vous savez, je suis tenu à la fois par le secret professionnel mais aussi par une éthique plus personnel. Rien de ce que vous ne direz ici ne sera dévoilé, je suis seulement ici pour vous aider. Par conséquent, me mentir ne sert à rien car de toute façon si vous mentez, je le saurais.

~ Les craintes de Zélina se révélaient justes. Elle se mordit l'intérieur des joues comme à son habitude, lorsqu'elle commettait une bêtise. Elle ne savait plus comment agir désormais. Devait-elle demander pardon ? Devait-elle partir ? Rester ? ~

Bleyne : Il est vrai que je peux comprendre votre réticence à me parler. Je suppose qu'en temps normal, vous ne parlerez pas de tout ça à qui que ce soit, mais en plus aujourd'hui c'est à un robot que vous parler. D'où votre méfiance. Si je peux faire quoi que ce soit pour gagner votre confiance, n'hésitez pas à m'en faire part.

~ "Robot" ? Ce terme était inconnu pour Zélina. Était-ce la façon de désigner ce genre d'homme-métal ? Elle tentait de rester calme et posée, totalement maîtresse d'elle-même puis plongea son regard dans celui du psychologue. Elle détestait qu'on se mêle de son passé, même s'il était un spécialiste. Elle décida néanmoins de faire preuve d'honnêteté cette fois-ci. ~

Zélina: Je suis sincèrement navrée docteur, mais je n'ai aucune envie de parler de cela alors passons à autre choses, permettez-vous ?

Zélina: Je suis sincèrement navrée docteur, mais je n'ai aucune envie de parler de cela alors passons à autre choses, permettez-vous ?

Il ne fallait pas insister plus. Plus tard, peut-être, se confierait-elle à lui. La confiance était facile à briser, mais il fallait du temps pour la faire accepter à quelqu'un qui ne vous connait pas... Et que ne sait pas ce que vous êtes.

Bleyne : Fort bien, je ne voulais pas vous importuner. Continuons dans ce cas.

Pour faire le profil psychologique de ses patients, Bleyne avait développé une nouvelle technique qu'il devait aujourd'hui tester en situation réelle.

Bleyne : Je vous ai convoqué ici pour une autre raison. Une simple inspection de routine, pour connaitre votre état psychologique. Ne vous inquiétez pas, il n'y aura rien de rébarbatif. Cela consistera simplement en une discussion entre vous et moi, vous pourrez me poser les questions que vous voulez et j'en ferais de même. Seulement, je vous demanderais de ne pas me mentir. Si vous ne voulez pas parler de quelque chose, il suffira de m'en faire part. Êtes-vous d'accord ?

~ Zélina en avait assez de cette chose mi-humaine, mi-acier. Pour qui se prenait-il pour l'importuner ainsi avec sa curiosité maladive ? Si Zélina avait besoin de se confier, ce n'était sûrement pas à un inconnu sorti tout droit du futur. Cependant, elle voulait le tester. Voir s'il avait des limites ou s'il fonctionnait comme un humain banal. Elle ne risquait rien, si elle ne voulait pas répondre à des questions, elle n'y répondrait pas. ~

Zélina: Bien, j'accepte votre expérience. Pour commencer, j'aimerais savoir si vous avez toujours été comme ça. Enfin... Pardonnez-moi, je m'exprime mal. Êtes-vous né ainsi, dans ce corps quelque peu... Atypique ?..