Tous les chemins mènent à la cuisine [PV Angélique]

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Seul résonnait dans le long couloir le léger froissement de ses larges vêtements. Les pieds nus d’Aileen ne faisait aucun bruit sur le sol glacé. Ainsi, elle pouvait entendre approcher la plupart des gens. La plupart seulement ; certains pouvaient se montrer très discret, aussi ne cessait-elle de jeter des coups d’œil dans tous les sens.
Elle n’était à Sekuen que depuis très peu de temps, mais elle avait déjà appris que la population des lieux n’étaient pas uniquement composée de créatures pacifiques. Aussi faisait-elle preuve de beaucoup de méfiance.

Une part d’elle-même lui soufflait de s’enfermer dans un coin et de ne sortir que pour les cours et les repas, ou pour se laver ; le strict minimum. Durant vingt-cinq ans, elle avait secrètement rêvée du monde extérieur, et désormais elle osait à peine en profiter. C’était finalement sa part la plus curieuse, et un brin claustrophobe par rejet du passé, qui l’avait emporté, et elle avait décidé de visiter les lieux, quoi qu’ils puissent abriter. Elle allait probablement y passer une grande partie de sa vie, alors autant les connaître au mieux et au plus vite.
Elle s’était donc aventurée dans l’immense demeure. Et ce qui devait arriver...était arrivé. Cela faisait bien une demi-heure qu’elle errait sans avoir la moindre idée de là où elle se trouvait.

Fatiguée de cette promenade finalement peu instructive, elle se résigna à demander son chemin au premier venu. En espérant que ce ne soit pas un coffre susceptible de la dévorer, ou l’un de ses camarades.
Le couloir se poursuivait, vide. Mais une porte attira l’attention de la jeune fille ; un raie de lumière la cerclait, et elle laissait passer des voix. Après une hésitation, elle posa sa main sur la poignée et entra. Elle était une élève, après tout, pas une intruse, elle avait le droit d’être là.

Presque aussitôt, une bouffée de chaleur et d’odeurs agréables lui sauta au visage. L’après-midi touchait à sa fin ; les cuisines étaient en effervescence, il fallait préparer le dîner pour l’ensemble des élèves.
Elle fit quelques pas dans la vaste pièce.

- Hé, les élèves ne devraient pas venir fouiner par ici tout le temps ! –

Son premier réflexe fut d’aller de plaquer contre le mur le plus proche, pour ne pas laisser son dos à découvert. Puis, seulement, elle fixa avec surprise la créature qui lui avait adressée la parole, qu’elle identifia comme un gnome à la mine patibulaire.
Elle n’était peut-être pas la bienvenue, finalement.

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En ce début de soirée, Angélique se dirigeait vers la cuisine. Rien d’extraordinaire à cela. On peut bien être sorcière et avoir faim. Voir avoir très faim. Les derniers sorts qu’elle avait jeté étant particulièrement puissant, il était tout naturel qu’elle soit épuisée, et ressente le désir de se restaurer. Elle n’avait juste pas envie de croiser de monde. Elle voulait faire une pause. Echapper à l’éternelle comédie qu’était sa vie. Toujours sourire. Toujours faire semblant. Toujours être aimable. Toujours manipuler. Non pas qu’elle ai quelque chose contre son mode de vie. S’il ne lui plaisait pas elle n’avait qu’à en changer, et pour tout dire, elle trouvait ces tromperies fortes plaisantes. Mais une pause de temps en temps ne lui pouvait pas lui faire de mal. Elle espérait donc très fort que personne, si ce n’est les gnomes ne ce trouverais dans la pièce affairée en cette fin d’après midi. Vous pouvez donc deviner quel ne fut pas son désespoir, quand arrivant dans la pièce elle entendit u un gnome parler à une personne qui ne pouvait être qu’un élève.

Gnome : Hé, les élèves ne devraient pas venir fouiner par ici tout le temps ! –

Elle entra et suivit le regard du gnome, plaquée contre le mur se tenait une jeune fille d’aspect timoré. Sortant son sourire de parade elle s’adressa au gnome.

Angélique : Voyons monsieur, on ne peut en vouloir à personne d’avoir faim n’est ce pas ?

Sauver la mise au maximum de personne. Se faire le maximum d’alliés. C’était son but. C’était une condition sine qua non pour trouver et avoir l’avantage sur son Barny chérie. Le gnome haussa se petit épaules difforme et s’en retourna à sa tache. Ah, le délice, ah la merveilleuse jouissance du pouvoir. Elle se tourna ensuite vers son élève lui souriant de façon rassurante.

Angélique : Eh bien, il ne faut pas être effrayé. Comme je viens de le dire au gnome qui vous a interpelé, avoir faim n’est pas un crime, mademoiselle …..?

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- Voyons monsieur, on ne peut en vouloir à personne d’avoir faim n’est ce pas ? –

Aileen sursauta et se tourna vers la nouvelle arrivante.
C’était une femme, mais la jeune fille aurait été incapable de deviner son âge. Après tout, chez la majorité des créatures non-humaines, l’apparence physique était traîtresse.

- Eh bien, il ne faut pas être effrayé. Comme je viens de le dire au gnome qui vous a interpellé, avoir faim n’est pas un crime, mademoiselle …..? –

Un sourire rassurant ne suffisait pas à mettre Aileen en confiance, mais avait au moins le mérite de ne pas lui faire mauvaise impression. Elle détailla longuement celle qui lui faisait face, de son regard émeraude et méfiant, avant de comprendre que l’autre attendait un nom.

- Aileen. –

Elle se força à se détacher du mur et à se tenir droite. Les gnomes les regardaient avec un air mauvais, mais n’osaient plus rien dire. Etait-ce un comportement normal chez-eux, où bien la femme était-elle quelqu’un de suffisamment important pour les faire taire ?

- Et vous ? –

Le ton était sec, mais le vouvoiement témoignait d’un minimum de respect. Aileen n’était pas quelqu’un de méprisant, ou de totalement associable. Mais elle se méfiait.
Elle aurait aimé quitter la pièce, à la fois pour ne plus avoir à être épié sans discrétion par les cuisiniers, et parce que le couloir offrait une plus grande liberté de mouvement, et plus de possibilité de retraite.
Mais voilà, la femme était dans l’embrasure de la porte et bouchait le passage.

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La réponse mit tant de temps à venir que la sorcière finit par douter qu’elle ne lui parvienne. Avait-elle fait une erreur dans son apparence, son attitude ou son ton ? Elle n’avait pourtant pas l’impression. Tout avait été soigneusement étudié. La réponse la ramena à la réalité.

Élève : Aileen. Et vous ?

Bon au moins la réponse était venue. Elle était certes un peu sèche, mais au moins, elle venait. La jeune femme (du moins en apparence) se força à garder son sourire devant l’hostilité de son environnement. Elle ferait mieux de ne pas trop tenter la chance. Elle avait déjà un vampire à ses trousses (où était ce le contraire ?) et c’était un ennemi de trop. Elle jaugea du regard son interlocutrice. Trois possibilités. Soit sa tête ne revenait tout simplement pas à son élève, soit elle avait affaire à une espèce rare d’animal farouche, soit la jeune fille était déjà tombé sous la coupe du professeur de créatures magiques.

Au vu du comportement pour le moins effacé d’Aileen, elle pouvait supposer qu’elle se trouvait dans le deuxième cas. Elle pouvait espérer. C’était après tout le plus plaisant. Elle eut un grand sourire et répondit avec amabilité :

Angélique : Je suis Angélique Bouchard, votre professeur de potion. Pourquoi ne pas aller dans la salle à manger tout simplement ? Les gnomes nous apporteront nos plats.

Elle désigna de la main une table dans la pièce voisine. Elle voulait en savoir plus sur cette jeune fille timide. Etait elle une ennemi ou une alliée potentielle ?