Cela faisait bien longtemps que L vivait à Sekuen. Il était le premier à être arrivé ici, en fait. Mais...Il s'était toujours caché. Pour mieux observer les autres, sans doute. Il savait tout d'eux. Il savait en qui il pouvait avoir confiance, et qui pouvait être dangereux. Ca ne l'autorisait pourtant pas à quitter sa "résidence". En effet, le jeune homme, pour ne pas côtoyer les autres, et pour qu'ils ne puissent pas avoir vent de son existence, n'avait pas de chambre dans les dortoirs. Il s'était improvisé un endroit plutôt tranquille, dans le grenier. Et si par malheur quelqu'un s'y aventurait, il allait se cacher sur une poutre. Oui, ce jeune homme qu'on aurait crû incapable du moindre effort physique était en fait un excellent grimpeur. Il avait eu le temps de s'améliorer depuis pas mal de temps. La perfection était son but ultime. L'échec, son pire ennemi.

Aujourd'hui aurait du être un jour comme les autres. L aurait du rester cacher dans son grenier, à attendre que la journée passe. Pourtant...Il avait eu vent grâce à la voix stridente du surveillant nommé Grell Sutcliff qu'il fallait découvrir qui était l'auteur de nombreux vols de matériels en tout genre dans la Salle des Potions. Il avait même ajouté que sinon "cette vieille folle de Bouchard allait devenir hystérique". L soupira. Et dire qu'un jour il avait été le meilleur détective de tous les temps. Et aujourd'hui, voilà qu'il résolvait des petites enquêtes ridicules comme celle ci. Puisque le surveillant lui même ne trouvait pas de qui il s'agissait, il fallait agir. Prudemment, et sans doute pour la première fois en pleine journée, L quitta son grenier. Il allait résoudre ce mystère, l'indiquer au Suprême, puis rentrer sagement. Ses pieds nus rencontrèrent l'habituel sol aux dalles froides. Instinctivement, le jeune homme sortit de sa poche gauche une pâte de fruits. Il croqua une première bouchée, tout en marchant. La saveur sucrée lui emplit la bouche. C'était exquis. Depuis qu'il avait quitté le Japon, il avait découvert toutes sortes de gourmandises qu'il n'aurait jamais crû possible d'exister. Savourant sa deuxième bouchée, il se mit rapidement à évaluer le chemin qu'il lui faudrait prendre pour se rendre en salle de potion. Le vieux plan qui trônait dans le Hall lui indiqua l'itinéraire. Il prit donc le chemin, se hâtant. Si on le trouvait, il faudrait expliquer sa vie. Et plus que tout, L en avait horreur. Surtout qu'il était ici parce qu'il avait perdu, non ?

Descendre aux sous sols. C'était la première étape. Certains ingrédients ou potions réagissaient plutôt mal à la lumière, c'est pour cela que la salle de Potion se trouvait à cet endroit. De plus, la température fraîche permettait de conserver plus longtemps tout cela. L le savait. Il l'avait lu dans l'un des nombreux livres qu'il empruntait régulièrement et en toute discrétion à la bibliothèque. A vrai dire il y avait un passage secret qui permettait de s'y rendre. Et étant Gardien des Clefs de Sekuen, il connaissait tous les passages par coeur.

Passons ces détails futiles. L ouvrit la porte du sous sol. Il faisait sombre. Heureusement, il y avait des torches fixées un peu partout. Certaines étaient déjà éteintes. C'est pas vrai tout de même. On vivait dans un siècle de technologie et le Suprême continuait à vivre comme au moyen âge. M'enfin, ce n'était pas le problème de Lawliet après tout. Il continua sa descente. Ses pieds ne ressentaient pas le froid. Voilà. Il était enfin au sous sol. Maintenant, il fallait se diriger vers la troisième porte à gauche. Soit. C'est ce qu'il fit, tout en sortant de sa poche une nouvelle pâte de fruits. Il avait terminé l'autre à l'instant, mais ce n'est pas ça qui l'empêcha de se re-servir immédiatement. Voilà, il était devant la porte. A côté, cloué au mur, un petit panneau annonçait qu'il était bien face à la salle des Potions. Il ouvrit la porte et...

Tomba nez à nez avec quelqu'un. Une fille. Cheveux violets pâles. Yeux ronds et d'un violet très prononcé. Son nom ? Il le savait déjà. Illiana Haru. Humaine. La seule de Sekuen. Enfin, mis à part ce professeur plutôt particulier. Elle était ici à cause de son meilleur ami et de son père. Le premier, vampire, avait bu en elle. Le deuxième, pour la punir, l'avait empêché de finir sa transformation. Elle s'était réfugiée ici. Elle n'était donc pas à proprement parler humaine. Elle était...Coincée entre deux clans. Ni humaine, ni monstre. Un peu comme L...L qui continuait à mâcher sa pâte de fruits comme si de rien n'était. Oui, notre détective ne changerait jamais.

Il y eut un long moment pendant lequel les deux personnes se dévisagèrent. L regardait dans le blanc des yeux son interlocutrice. Il savait déjà à qui il avait à faire. Il connaissait tout des élèves de cette école. Et des professeurs d'ailleurs. Il savait même la vérité au sujet du Suprême. Mais ce dernier l'avait prié de se taire sur cela. Vous ne saurez rien donc de ces histoires. Tout du moins pas ici. Bref, plus rien n'avait de secret pour le jeune homme.

Au final, ce fut la jeune fille qui rompit le silence. Heureusement pour elle, car L Lawliet n'aurait jamais pris cette décision de lui même. Il n'était pas très sociable.

“ - Si vous cherchez Mme Bouchard, elle est partie il y a un quart d'heure déjà. Il n'y a personne dans cette Salle de Classe. ”

S'il la cherchait ? C'est plutôt ses accessoires qu'il recherchait. Parce qu'elle risquait de ne pas apprécier de voir qu'il manquait deux ou trois objets manquants à sa petite collection personnelle. L venait de finir d'avaler sa deuxième pâte de fruits. Il fouilla dans sa poche et en sortit une petite boite de sucres en morceaux. Il en extirpa un morceau, qu'il mit dans sa bouche consciencieusement, tout en restant silencieux et contemplant la jeune fille. Après un moment, il se décida à "répondre" à son interlocutrice.

“ -Bonjour Mademoiselle Haru. ”

Puis il lui tourna le dos, retournant à ses affaires. Il se doutait bien que la demoiselle allait être surprise, peut être même décontenancée, qu'il sache son nom. Et ces deux caractéristiques forçaient une personne à devenir curieuse et à poser des questions. C'est peut être ce que cherchait L, au fond ?

La jeune fille eut un léger sursaut. Normal. L aimait décontenancer les gens, les surprendre. Cela les poussait à se surpasser, à chercher à savoir ce qu'ils n'auraient pas forcément cherché. C'était une ruse plutôt maligne, mais qui lui risquait les foudres de certaines personnes. On pourrait peut être le traiter d'obsédé. Ce ne serait pas la première fois.

“ - Dis moi, comment tu as appris mon nom? Et tu es qui d'abord? Tu sembles bien connaître l'école pourtant je suis là depuis longtemps et je ne t'ai jamais vu. ”

Tutoyer alors qu'ils ne se connaissaient pas encore vraiment ? Plutôt mal élevée la gamine, mais L n'était sans doute pas meilleur juge des bonnes manières. Il alla s'installer sur une chaise, les genoux pliés sous son menton. Sa position habituelle. Il mit un nouveau morceau de sucre dans sa bouche. Le goût envahit sa cavité buccale. Le jeune homme claqua de la langue pour exprimer sa satisfaction. Enfin, il décida de répondre aux questions de la demoiselle. Miss Haru était connue pour avoir un caractère fort peu patient, et Lawliet le savait.

“ -Je connais ton nom parce que je suis un Gardien des Clefs de Sekuen. Je me dois de savoir le strict minimum sur les personnes fréquentant l'école et...Vous en faîtes partie, Mademoiselle Haru. ”

La première conversation avec un vivant depuis plusieurs années était plutôt inhabituelle. Ca risquait de choquer l'humaine, mais L était comme ça. Il ne se souciait pas des émotions des autres, il cherchait à en savoir toujours plus sur eux. Peu importe le sentiment qu'ils en ressentaient. Il restait une ultime question à laquelle il fallait répondre. Et il y répondrait par le mensonge. Comme toujours. Car jamais L ne révélerait son nom. A personne. Il ne fanfaronnait pas d'être le plus grand détective de cette planète, et il n'était pas prêt de s'y mettre de si tôt. Un sourire malicieux aux lèvres, il se contenta de répondre.

“ -Appelez moi Ryûzaki. ”

La jeune fille dévisageait L. Que pensait-elle de lui ? Cela n'avait aucune importance au fond, quoi que...

“ -Très bien, Ryûzaki. J'ignore si tu me mens ou autre mais saches que je ne suis pas du genre à me laisser faire. Alors maintenant tu vas quitter cet endroit, parce qu'à moins que tu n'es cours dans l'heure qui suive, ce qui n'est pas le cas puisque Mme Bouchard est partie pour une bonne heure, tu n'as pas de raison d'être ici. Sauf si en tant que gardien des clefs tu comptes entrer dans ce bureau et voler quelques trucs quand j'aurais le dos tourné. D'ailleurs, Angélique m'a dit qu'il y avait un voleur dans ses salles, alors si quelque choses d'autre venait à disparaître, tu es sur ma liste des suspects.”

Ce long monologue visait à accuser L. C'était assez futé. Prendre l'adversaire de front. C'était tout à fait le genre de L. Il avait par le passé déjà usé de cette technique. Toujours assis sur sa chaise, il fit fondre un nouveau morceau de sucre sur sa langue. Une fois ce dernier finit.

“ -Raisonnement assez pertinent Mademoiselle Haru.”

Et pourtant, erroné. C'était la pensée qui taraudait Lawliet.

“ -J'ai moi même une hypothèse. Et si c'était vous, Mademoiselle Haru, la voleuse ?”

Oh oui, c'était culotté. Typiquement le genre de L. Il n'avait aucun scrupule de ce côté ci. Il rajouta, avec un sourire malicieux.

“ -Mais cette théorie est incorrecte. J'en suis persuadé. A 99.9%.”

Un pourcentage. Une certitude. La manière la plus explicite pour L.

“ -Cela va vous paraître surprenant, mais j'enquête justement sur la disparition des instruments de Madame Bouchard.”

Il pourrait rajouter "Sur ordre du Suprême", mais il ne voulait pas qu'on lui prête confiance juste parce qu'il était envoyé par le directeur. Il voulait convaincre la jeune Haru de son innocence dans cette histoire. Et sans l'influencer d'une quelconque manière.

La jeune Haru débuta un long monologue pour se justifier, prouver son innocence. Elle voulait se laver des précédentes accusations de L. Mais elle n'avait pas besoin. Lawliet savait déjà. Lawliet savait tout. Pas besoin qu'on lui parle des petites habitudes des élèves. Il les connaissait. Il savait qu'Haru avait la totale confiance de Bouchard, tout comme il savait que l'Overlord avait la grosse tête, et que la mélangeuse du nom de Sanghiras connaissait les moindres recoins de l'école. Il savait déjà tout ça.

“ -Pour prendre ma défense et faire passer votre théorie incorrecte à 100%, Mme Bouchard me prête quand je veux ce que je lui demande, et elle me laisse même m'entrainner aux potions lorsqu'elle part dans... enfin bref. Donc... Cette personne doit voler les affaires de notre professeur... quand l'une de nous deux n'est pas là et quand le personnel de nettoyage n'est pas là non plus. Ce qui réduit quand même le temps... Bon après c'est vous l'enquêteur, moi je suis pas douée pour ça. Mais... depuis quand êtes vous ici Ryûsaki? ”

Il ne put retenir un léger sourire. Suite à quoi il se décida à répondre de la manière la plus naturelle possible.

“ -Je sais déjà, Mademoiselle Haru. ”

Etait-ce bien raisonnable d'avouer ce genre de choses. L avait calculé. Il risquait de choquer la demoiselle. Ca ne l'avait jamais dérangé auparavant. Mais Le Suprême risquait de ne pas apprécier qu'on l'accuse d'avoir engagé un pervers. Bien. Le sourire de L ne bougea pas d'un pouce. Après tout, il ne cherchait pas à offenser la jeune fille. Il avait prévu de poursuivre.

“ -Après tout, je suis détective. J'ai mené ma petite enquête avant. Et pour répondre à votre question, je suis ici depuis plusieurs années. J'ai été l'un des premiers habitants de ce château. ”

HRP > Réponse courte mais j'ai pas le temps de développer plus, jdois aller coucher demain DS >.<]

“ -Et bien... C'est la première fois que je vous vois alors que je suis ici depuis quelques temps déjà... Dans ce cas, je ne vais pas vous déranger trop longtemps. La compagnie ne doit pas être votre point fort et vous avec une enquête à terminer Ryûsaki! ”

Evidemment que c'était la première fois qu'ils se croisaient. L faisait tout pour ne jamais avoir à sortir de son trou. Il devait rester le plus discret possible. Cette rencontre pourrait d'ailleurs remettre en question ces longues années cachées dans les combles de Sekuen. Si la jeune Haru se mettait à parler de L à tous les autres. Oh, ça ne ferait rien. Elle le citerait sous le nom de Ryûzaki. Et comme personne ne connaissait personne sous ce nom ou n'avait jamais vu L, personne ne croirait une jeune fille. Si en revanche Lawliet croisait une autre personne, cette dernière soutiendrait la théorie de Haru. L se racla la gorge.

“ -Voudriez vous m'aider à enquêter, Mademoiselle Haru ? Vous semblez liée à cette professeur, et j'ai besoin d'un point de vue interne à la situation. ”

En fait, L avait déjà trouvé qui était l'auteur de ce crime. Mais il aimait bien faire résoudre les enquêtes aux autres. L'adolescente serait-elle intéressée par sa proposition ?

“ -Enquêter? Je ne suis pas bonne dans cette matière mais euh... ”

Enquêter, ce n'est pas une matière. Et si on est pas doué, l'expérience et les années n'y changeront rien. C'est un don. Tout comme l'intelligence. Par chance pour lui, L était doté de ces deux dons. L'humaine extirpa un petit calpin dont ne sait où et le feuilleta.

“ -Je n'ai plus de cours obligatoire avant demain alors, pourquoi pas, au moins ça va m'occuper, puisque je n'avais plus rien à faire. ”

Parfait ! Pour fêter ça, L se remit un sucre sur la langue. Ce dernier fondit avec du mal. Comment diable l'immortel faisait-il pour ne pas avoir la bouche pâteuse, ou bien ne pas avoir soif ? Ceci resterait un mystère.

“ -Bien. Vous ne pouviez pas me faire plus plaisir, Mademoiselle Haru. ”

Bien sûr, L ne s'en souciait pas. Il avait un mal de chien à discuter avec les autres, et préférait la solitude. Néanmoins, il aimait bien faire croire aux autres qu'ils avaient pu résoudre une énigme. Il alla observer l'étagère, où il manquait quelques fioles. Ca se remarquait, car à certains endroits, la poussière était moins dense.

“ -Approchez, Mademoiselle Haru, et dîtes moi ce que vous voyez. ”

Elle comprendrait sans aucun mal qu'il manquait des ingrédients. Elle n'était pas stupide, après tout. De ce qu'il avait vu du dossier, c'était même tout le contraire. Une élève douée. C'était ce qui était écrit sur l'appréciation donnée globalement par les professeurs.

La jeune Haru obéit donc à Lawliet. En s'approchant, elle constata rapidement ce qui clochait.

“ -Là c'est la fiole que j'ai utilisé tout à l'heure, ici c'est une autre que j'ai utilisé hier que je dois d'ailleurs rendre à Mme Bouchard, là s'en est une autre qui... tiens... je l'ai pas utilisée celle là. Peut-être que Mme Bouchard s'en est servie. Et celle d'à côté est la Potion qu'il me reste encore au fond de ma poche. Ça fait un moment que je l'ai d'ailleurs. C'est pour éloigner les élèves qui voudraient un peu trop m'approcher.”

“ -C'est exact Mademoiselle Haru. Voyez vous, le Professeur Bouchard tient un registre de tout ce qui sort de sa salle. Et il y une fiole qui a disparu. Et ce n'est pas votre Professeur qui s'en est servie. J'imagine que vous devinez ce qui a été volé. ”

L laissa passer un court silence avant de répondre lui même à sa propre question.

“ -Cette fiole contenait un produit à base d'yeux de tritons. Savez vous les particularités de ces yeux, Mademoiselle Haru ? ”

Cette fois ci, le détective allait la laisser chercher la réponse toute seule. Il avait un petit sourire en coin sur les lèvres, et il la regardait droit dans les yeux. C'était une élève brillante, et elle aurait tôt fait de trouver les usages des yeux de tritons. Et peut être même qu'elle saurait à quoi servait la potion kidnappée servait ? Mademoiselle Haru, vous avez intérêt à épater L...

“-Quand vous me dites "yeux de tritons" je pense aux recettes de cuisine... Mais si mes souvenirs sont bons, ils pourraient créer une Potion assez... embêtante. Quels autres objets et ingrédients manquent-ils?”

La jeune fille n'attendit pas la réponse du détective. Elle sortait déjà un épais manuel de son sac de cours. Ouaw...Ca devait être lourd à porter. Surtout pour une humaine. L l'observa se pencher vers le livre, et en feuilleter minutieusement les pages. Silencieusement, il alla s'asseoir sur une chaise, les genoux repliés contre lui, et répondit.

“-Il manque également des racines de gingembre et du sisymbre, que l'on a cueilli à la pleine lune. Notons qu'en plus, le voleur a dérobé un des chaudrons du Professeur Bouchard.”

Puis le détective s'emmura dans le silence, mordillant son pouce, observant la jeune fille qui continuait à parcourir son manuel. Bientôt, elle comprendrait à quoi servaient les trois ingrédients disparus mis bout à bout. Et grâce à cela, elle découvrirait qui était l'auteur du vol. Si tout du moins elle excellait dans ce travail...Je l'ai déjà dis, mais L, lui, avait déjà trouvé le voleur. Mais il aimait faire déduire des choses aux autres, les pousser à le suivre dans ses enquêtes. Peut être qu'au fond, il cherchait plus du rapport humain que de la reconnaissance. Qui, après tout, pouvait savoir ce qui se passait dans la tête du jeune homme ?

Illiana semblait avoir tiqué sur quelque chose. Elle revint quelques pages en arrière, et se pencha d'avantage sur son ouvrage, vérifiant ses craintes. L, lui, était très détendu. Il se contentait de l'observer faire ses déductions, un sourire amusé aux lèvres. Progressivement, la mine concentrée de l'élève se transforma en air apeuré. Elle redressa la tête, croisant le regard du détective. Elle semblait profondément inquiète. Il est vrai que c'était dangereux. Mais L ne se faisait aucun soucis. Il était détendu. La jeune Haru tourna l'ouvrage vers son partenaire, voulant lui faire voir la recette. Oui, elle l'avait trouvé. Le sourire de L s'agrandit.

“-Cette potion est quasiment infaisable pour un élève. Même moi qui passe du temps dans ces salles, je ne serais pas en mesure de la faire. C'est tout simplement impossible que... imagines le danger que ça représente! Je ne sais pas qui est capable de faire ça...”

Oui. Elle avait compris. L leva les yeux du livre, et rassura l'élève.

“-Effectivement, cette potion est infaisable. C'est pour cela que je ne me soucie pas. Personne, ici, ne pourrait faire de filtre de vie. Pas même Madame Bouchard.”

Car oui, la potion, correctement faite, servait à ramener d'outre-tombe les morts. Maintenant, Illiana devait en tirer un raisonnement logique.

“-Donc, Mademoiselle Haru, qui y gagnerait quelque chose à faire revivre les morts ? Réfléchissez bien.”

Illiana semblait en pleine réflexion. L la regardait, amusé, mais il parvint à ne pas l'afficher. Il aurait pu la déconcentrer, et sans doute lui faire perdre le fil de son raisonnement. Même si elle réfléchissait à toute vitesse, le détective savait qu'elle n'était pas sur la bonne piste, et qu'elle ne trouverait probablement pas. Mais il la laissa aller jusqu'au bout.

“Non, désolé, je ne sais pas du tout...”

Même s'il s'était attendu à cette réponse, il fut légèrement déçu, et cette fois ci eut du mal à le cacher. Il se rattrapa bien vite, conscient qu'il la mettrait sans doute mal à l'aise. Il savait depuis le début qu'elle ne trouverait pas. Sans doute ignorait-elle même leur existence ? Le détective décida donc de lui révéler qui étaient les auteurs des vols. Car oui, ils étaient bien plusieurs.

“ -Vous aviez un bon raisonnement, jusqu'au bout. Mais je savais, Mademoiselle Haru, que vous ne concluriez rien. Je m'attendais néanmoins à ce que vous me surpreniez. Tant pis. Je vais vous dire qui sont les voleurs. ”

Il risquait sans doute de la surprendre, car il venait d'admettre qu'il savait depuis le début qui étaient les "criminels".

“ -Les personnes qui ont le plus besoin de soutien, ce sont les gnomes des cuisines. Ils en ont assez d'être réduis en esclavage et ont essayé de trouver une solution pour être plus heureux. Néanmoins les codes de l'école, et seront donc punis, comme tous les autres. Merci de m'avoir accompagné dans mon enquête, Mademoiselle Haru. ”