Nous venons de franchir les grandes portes en fer de Sekuen...Le silence est agréable et me permet d'entendre le vent chanter sa douce mélodie. Pour aller au bureau du Suprême, il faut passer par le Pavillon Sud, qui se trouve à gauche du portail. Je tourne. L'air se fait plus pesant, le soleil brille haut dans le ciel...bref, c'est le Pavillon Sud.
Les arbres verdoyants semblent rappeler l'été, alors que nous sommes en hiver, et que partout ailleurs dans l'enceinte de l'établissement la neige recouvre de son épais manteau blanc le sol.
Mes pas résonnent sur le gravier. J'entends Lyw me suivre.
Soudain, des rires résonnent. Sur la balançoire du Pavillon Sud, Claire vole haut dans les airs, propulsée à n'en pas douter par les vecteurs de Tsuki, qui se trouve derrière la balançoire. Bien que fort sympathiques, ces deux filles restent immatures. C'est peut être pour ça que je veux les protéger. Parce que je pense que puisqu'elles sont immatures elles ne peuvent pas voir le danger. Peut être ai-je tord ? Non ! Je m'interdis à me remettre en doute à cause d'elles !
Les rires s'arrêtent. Lyw vient de me foncer dedans. Plongé dans mes réflexions, je me suis arrêté sans m'en rendre compte pour contempler les deux filles. Lyw recule de quelques pas, prenant certainement mon arrêt pour de la peur ou une agression, et se met à grogner. Les filles le dévisagent étrangement.
"Les filles, voici Lyw. Lyw, je te présente Claire et Tsuki."
Lyw semble réagir au nom de Tsuki. Ah, je l'ai évoqué tout à l'heure, et il s'en rappelle. Cependant, il semble nerveux. Est-ce les filles qui le mettent dans cet état ? Ou bien le fait qu'elles soient deux ? J'essaye de me rapprocher et je tends ma main pour la poser sur son épaule. A peine y a t-il contact qu'il me repousse et recule de quelques pas. Il n'a pas l'habitude et se sent en danger, il faut le calmer.
"Lyw, du calme, il ne t'arrivera rien. Tu es désormais en sécurité et loin de tous ces maudits scientifiques. Le Suprême va te protéger. Je te le promets."

Tsuki dévisageait avec curiosité le jeune garçon caché derrière Moses. Il les observe, ne laissant dépasser que ses yeux et son nez. Tsuki sourit, amusée, puis s'approche et tend la main à Lyw.

Tsuki : Salut, moi c'est Tsuki.

Lyw gémit et recule. Il trébuche sur le sol. Moses l'aide à se relever, ce qui surprend ses deux amies. Il n'avait, à ce jour, aidé aucun garçon, puisque le seul autre "homme" était Chad.
Lyw regarde ses vêtements couverts de poussière.

Tsuki : Tu devrais changer de vêtements.

Moses explique à ses amies que le jeune garçon n'a que ces vêtements ci et se propose de lui prêter un habit à lui. Quand ils reviennent dans le Pavillon Sud, c'est l'hilarité générale du côté des filles. La toge noire que Lyw porte est bien trop grande pour lui. Tsuki propose alors d'aller laver les vêtements sales.

Tsuki : Ainsi, dans trois ou quatre heures tu pourras reporter tes habits à toi. C'est une bonne idée, neee~ ?

Le sourire naif de Tsuki doit inspirer confiance car Lyw émet une sorte de feulement. Ce n'est pas un enfant, et encore moins un animal, mais Tsuki éprouve pour lui le même sentiment que si s'était un chiot.

hs : Je suis vraiment désolée pour l'absence... Après le déménagement, il s'est passé beaucoup de chose et je n'ai pu venir, et ensuite c'était le début des vacances et je n'était pas là... Je vais tenter de me rattraper !


Lyw suit. En sécurité ? Cette seule idée lui permet de ne pas tourner les talons. Contre son torse, rassurantes, froides et mortelles sont les deux armes des gens en bleu. Ils n'ont pas réussit à l'arrêter. Maintenant, ils sont mort. Et les deux révolvers battent au rythme de ses pas contre sa poitrine. Peut-être qu'il a lâché le scalpel, mais il n'est pas encore prêt à les abandonner. Que fait l'autre ? Il lui présente deux inconnues. Le garçon montre les dents, des dents jaunes semblables à celles d'un chien. Ou d'un loup. L'autre fait un pas vers lui, entre dans son périmètre. Peur. Recul. Qu'essayait-il de faire ? Lyw recule encore en voyant la fille s'approcher. Il les connait, ces êtres vils. Avant, il y en avait une, oui, il s'en souvenait, de la fille ! Au début, elle avait fait semblant, il croyait qu'elle le soutenait, qu'elle l'aiderait ! Au fond, c'est elle qui lui avait fait le plus mal. Quel plaisir ç'avait été de plonger la lame brillante dans son cou, jusqu'à la garde !
Elle s'approche de lui. Grognement. Mise en garde. Pas un pas de plus. Mais c'est lui qui recule. Trébuche. Tombe. L'autre s'avance pour le relever.

"Non."

Lyw se relève, seul. Qu'ils ne s'approchent pas plus.
Elle le regarde. Il sent quelque chose en elle. Comme si des... choses étaient en mouvement tout autours d'elle. Il se rend compte qu'inconsciemment, c'est à ça qu'il avait réagit en tombant. Il avait voulu les éviter. Pourtant, il ne voyait rien. C'était juste quelque chose qu'il pouvait... sentir. Peur. Qu'était-elle exactement ? Il fallait fuir. Cet endroit n'était pas du tout protecteur. C'est à ce moment qu'elle choisit de rouvrir sa bouche.

Tsuki : Tu devrais changer de vêtements.


Coupé dans son raisonnement, Lyw s'arrête. Ne comprend pas. Regarde ses... vêtements ? Il voit ses habits sales, déchirés, tachés de sang. Comme toujours. Oui, et alors, qu'est-ce qu'ils ont ? Il les sait mauvais car imprégnés de l'odeur de ses anciennes victimes. Ces vêtements peuvent permettre à des ennemis de le repérer. Il le sait, et il fait avec. Il en a vu trop, des cadavres de clochards congelés, n'ayant pas réussit à se réchauffer avant le matin. Que fait l'autre ? Il l'emmène. Loin des filles. Soulagement. Elles sont bien trop effrayantes pour lui.
Toge noire ? Enlever ses vêtements ? Mais pourquoi ? Que lui veut-il ? Sécurité, il l'a promis. Oui, l'obéissant petit chien fait ce qu'on lui dit. Il se change, mais refuse de retirer la sangle sur sa poitrine qui maintient les deux révolvers, jadis invisibles sous ses vêtements.
Retour. Le même sentiment de danger en présence de la fille. Et quelque chose comme un peu de... reconnaissance ? Lyw n'a toujours pas envie de parler, il a toujours peur, mais il a chaud, il est propre, et il commence à connaitre ce sentiment que les gens appellent "calme".

La brise du vent. L'éternel crissement des talons et la marche du corbeau sautillant sur le sol en croassant à tut-tête annonçait l'arrivée prochaine de la femme en noir.

Le pavillon Sud, un endroit où Sonya n'avait pas l'habitude d'aller, surtout de jour. Même pour les sang-purs les ultraviolets ne sont guère recommandés. Elle n'était pas encore là. Savait se faire attendre. Une entrée théâtrale. Jamais, souvent langoureuse, amoureuse de la nature, une haine incroyable baignait son cœur mais ça, qui pouvait le voir. Elle était déjà trop habituée à voir la peur autour d'elle. Peut être que Lyw lui serait rassuré. Qu'importe de toute façons, elle s'en moquerait probablement.

Abel Attrapa entre ses serres un petit scarabée aux couleurs mâtes et argentées. Il commença à le manger en attendant sa maîtresse. Se moquant du public qui l'observait. Qui s'en prendrait au corbeau de Sonya ? La carcasse de l'insecte était brisée, déjà presque vide. Abel laissa sa proie presque morte. Une patte bougeait encore. Un nerf peut être ? L'insecte était laissé pour mort.
Qu'est ce qui troublait l'oiseau de proie? Abel sautillait sur place, croassant en direction d'un fourré qui trempait dans la pénombre. Le soleil était caché derrière un grand cumulus annonciateur d'une pluie prochaine. Le vent bougeait continuellement les feuilles des haies. Il aurait fallu être un prédateur expérimenté pour remarquer un mouvement qui n'était pas naturel dans un tel conglomérat de branches mouvantes. Les trois personnages avaient peut être remarqué Abel et ses croassements. Regardaient-ils dans se direction ? Peu importe, mis à part Lyw, tous le monde savait que lorsque le corbeau était là, Sonya n'était pas loin. Gare à qui toucherait au volatile sombre.

Scarlet :Un nouveau...

Sonya avançait à la droite du groupe. N'étant guère adepte des longues embrassades elle continua sa route. Son retour à Sekuen n'allait pas être synonyme d'amour et de grande rigolade. Tous s'en doutaient. Elle allait simplement le leur prouver. On ne lui accorde guère le sens de l'humour.

Scarlet :Non pas que vous ne m'ayez manqués mais je ne viens pas pour les retrouvailles, sachant que je ne pars pas demain la veille, vous aurez tous le temps de me revoir et pour certains de me re-supporter. J'ai cru sentir des herbes ici. Je cherche un plant d'une plante semblable à la bergamote. La voici d'ailleurs.

Sonya avança alors vers une petite plante, plus semblable à une mauvaise herbe qu'autre chose et découpa à l'aide d'une petite paire de ciseaux d'argent les plus belles feuilles avant de les placer dans une petite bourse de satin pourpre.

Une fois sa petite affaire menée à bien elle tourna sur ses talons. Ses interventions étaient souvent très rapides. Pas de quoi traumatiser le nouveau. Cependant... elle s'arrêta juste devant lui.

Elle plongeait ses yeux bruns dans les yeux de celui qu'elle appellerait jusqu'à nouvel ordre :
" Le nouveau "

Elle tourna légèrement la tête, ferma les yeux. Elle semblait encore s'être maquillée à la truelle, le maquillage noir faisait un paquet mais ça semblait être désiré. Ça ne brisait en rien son charme et la puissance de son regard. Ça attirait l'œil. Personne n'observait Sonya sans réussir à éviter ses yeux. Tous étaient subjugués.
Elle huma l'air tiède.

Scarlet : Tu as peur? Ça ne va pas te réussir. Tu es tellement perdu dans tes pensées et tes souvenirs que tu n'es déjà plus capable d'observer ce qui t'entoure sans y rencontrer une menace. Mon corbeau ne viendra pas te crever les yeux sois rassuré. Détends toi, je veux plus te revoir tel un sac de nerf. Allonge toi, ferme les yeux. La nature est vivante toi tu sembles être plus mort que moi déjà. Idiot. Tu trouvera le calme et la bienfaisance dans le vent et la verdure. J'ai quelque chose pour toi.

Elle ouvrit légèrement sa veste de velours noir et sortit de la poche intérieure une petite feuille.
Elle avait l'apparence longue, en forme de fer de lance. La couleur elle semblait brune, avec quelques taches jaunes et rouges. On aurait pu croire à une salamandre.

Scarlet : Tu sais faire un thé ? Il s'agit d'herbes finement hachées plongées dans de l'eau frémissante mais non bouillante. Utilise cette feuille, tu auras de quoi tenir une semaine avec en te faisant une infusion chaque fois que tu dérailles. N'en mets pas trop, ça pourrait te mettre dans un état comateux. Souvenir à éviter on dirait ?



Elle souria. Et s'en alla. Laissant Lyw et ses compères en plant. Une fois de plus.

---Tsuki regarda Sonya s'en aller. Comme à son habitude la dame partait en plein milieu d'une conversation. Et c'est l'une des caractéristiques qui la rendaient d'apparence si sophistiquée. Tous les hommes devaient la dévorer des yeux. Jusqu'à leur douloureuse agonie. Personne ne survivait après avoir draguer Sonya. Sauf Chad. Il était protégé par Sekuen d'un côté. Heureusement pour lui. Sinon, qui sait si il vivrait encore de nos jours ?

---Lyw semblait commencer à s'agiter. Sonya l'avait quelque peu effrayé. Et le fait qu'elle parte si soudainement n'arrangeait très certainement rien. Tsuki s'approcha donc, et plongeant son regard dans celui de Lyw, elle lui dit d'une voix rassurante :

- Ne t'inquiètes pas, Sonya est plus gentille qu'elle ne parait au premier abord.

---Tsuki retourna s'assoir sur une balançoire et se mit à chantonner. Claire l'observa un peu avant d'elle aussi se remettre à se balancer. Les deux filles volèrent haut. Très haut. De ses grands yeux gris, Lyw les contemplait. Il ne comprenait pas ce qu'elles faisaient. Les filles allaient à présent si haut qu'elles pouvaient voir le parc. Pouvait-on les voir de là haut ?