Le périple de Light avait duré plusieurs jours. Il faut avouer qu’il avait traîné plus qu’il ne le fallait. Il ne voulait pas tuer. Il ne voulait plus. Le visage de Sanghiras lui revenait toujours en plein visage. Il n’aurait jamais le courage de tuer une de ses semblables. Ca ne lui ressemblait pas, cet état déplorable dans lequel il était. Il devait se reprendre rapidement. Après tout, s’il ne réalisait pas les volontés de l’Organisation, ils allaient ouvrir la capsule. Et ce serait là la fin de la vie de Light Ryu. Non pas qu’il craigne encore la mort. Il avait appris à vivre avec cette idée qu’il pouvait mourir à tout moment. Juste qu’il ne voulait pas périr. Pas avant d’avoir vengé Alice et Sanghiras !
Voilà. Il se trouvait enfin de Sekuen Seruki. L’école où se trouvait une sylphide. Il avait réussi à se faire enrôler comme psychologue. Il était plutôt doué pour écouter les autres. C’était un don qu’il avait toujours eu. Et sa vision neutre de ce monde –bien qu’en partie salie ces dernières années- lui avait valu d’être pris automatiquement. Il avait d’ailleurs été surpris de la décision de la créature qui se tenait derrière le bureau du Directeur. Celui qui se faisait surnommer Le Suprême, et qui restait toujours dans l’Ombre. Light s’était énormément renseigné sur lui. Et oui, il ne fonçait jamais dans une mission tête baissée. Il avait donc appris que l’école était debout depuis déjà bien longtemps. A l’époque où il n’était qu’un bambin, elle célébrait son siècle et demi. Elle était donc bien plus vieille que lui. Toujours d’après ses recherches, à l’époque déjà, la personne à sa tête était Le Suprême. Tout du moins, il avait réussi à relier les deux directeurs, qui en fait n’étaient qu’un seul et même homme. Il savait désormais le vrai nom de celui qui restait dans les ténèbres de son bureau à surveiller ses élèves. Il avait eu vent par bien des gens que c’était un homme avisé et prudent. Et qu’il parvenait sans aucun mal à scruter le cœur des gens. Mais alors…Avait-il seulement scruté celui de Ryu ? Car il n’y régnait que solitude, soif d’oubli, et bien d’autres. Et s’il l’avait fait, pourquoi l’avoir embauché, alors ?
Rah ! Pourquoi se poser toutes ces inutiles questions ! L’important était qu’il puisse rentrer. Le fait de trahir son « patron » ? Non, ça ne posait pas le moindre problème à Light. Il n’allait rester que quelques jours de toute manière. Pas le temps de s’attacher, ni même d’exercer un quelconque métier. Psychologue n’était que son titre. Mais il ne travaillerait pas. Il trouverait la sylphide, et la tuerait. Un point c’est tout. Tout du moins, c’était ainsi qu’il imaginait ses plans. Il aurait pu au final, se contenter d’entrer, de la trouver, de la tuer, et de repartir. Sans se présenter, sans demander à être logé…Pourquoi l’avoir fait alors ? Mystère. Comme toujours, Ryu était surprenant, étonnant, et mystérieux.
Bon ! Il n’allait pas rester éternellement devant les lourdes portes de chêne, si ? Il en poussa une d’une seule main. Il n’avait pas pris d’affaires. De toute manière, il ne comptait pas rester. Pas besoin de se changer, ou de dormir même. Une fois la sylphe hors d’état de nuire, il repartirait, comme un voleur, sans prévenir personne. Mais de toute manière, qui donc aurait-il pu prévenir ? Le directeur ? « Bonsoir. J’ai tué une de vos élèves. Maintenant je m’en vais. Merci pour votre accueil. » Totalement stupide. Et Light était loin d’être stupide. C’était un être brillant, calculateur, manipulateur, muni d’une ruse à l’épreuve de tous les obstacles qu’on placerait en travers de son chemin.
Le Hall dans lequel il entra était vide. Et sombre qui plus est. Il se dirigea sans problème jusqu’aux dortoirs, et trouva celui où il était « domicilié ». Mais ça ne servait définitivement à rien. Néanmoins, il fut surpris d’y trouver des affaires lui appartenant soigneusement rangées dans une armoire. Que… ? Un petit mot était suspendu contre le bois du meuble. Il le prit pour le lire, bien qu’il aurait pu le faire de l’autre bout de la pièce.
« Vous aviez oublié vos affaires chez vous il me semble, Monsieur Ryu. Bon séjour dans notre école. »
Ce n’était pas signé, mais le flair de Light lui indiquait que c’était de son supérieur, le fameux Suprême. Huuum…Plus malin qu’il ne le croyait, au final. Il l’avait sous estimé. Serait-il un adversaire redoutable ? Allaient-ils devoir s’affronter ? Ce serait plutôt intéressant. Le vampire aimait bien se mesurer à d’autres. Ca lui rappelait sa victoire sur Karl.
Soudain, l’écriture disparut de la feuille sous ses yeux. Il fut légèrement surpris, mais le dissimula habilement. Bien, il fallait se mettre en quête de la sylphide qu’il devait mettre à mort. Il quitta sa chambre, puis les dortoirs. Mince, il n’avait plus son plan de l’école dans sa poche arrière ! Quelqu’un lui avait volé ?! Quelque chose lui disait que c’était une fois de plus l’œuvre du directeur. Raaah ! Il essaya de se rappeler le plan. Il en revoyait vaguement quelques couloirs. Celui-ci se trouvait près des douches et toilettes, si ses souvenirs étaient bons. Et en règle générale, ils étaient excellents. Bien. Que faire désormais. Attendre ? Retourner sur ses pas ? Alors qu’il se retournait, il découvrit face à lui…