Douleur. Du sang qui coule dans mon dos. J’ai l’impression qu’il a été lacéré… j’ai l’impression d’avoir été transpercée de part en part. Ce doit sans doute être le cas. Est-ce que j’aurais une cicatrice ? Bah, de toute façon, ça m’est bien égal. Je m’affaisse un peu, tente de tenir bon mais je n’ai plus de force. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à bouger ? Mon dos me brule atrocement. D’ailleurs, je sens une chaleur désagréable se répandre dans mes veines. Qu’est-ce que c’est ce que cette sensation. Je me suis déjà retrouvé en situation critique dans la maison hantée, mais la sensation n’était pas du tout la même. Quelle est la différence alors ? Du poison ? Un anesthésiant ? Une chose est sûre, on m’a injecté quelque chose. Quand, je ne saurais le dire. Je n’ai pas les idées très claires. Je nage dans une sorte de brouillard. Je sens qu’on me transporte. Des mains qui me paraissent glacée. Je tente d’ouvrir les yeux mais n’y parvient pas. Qui ? Qui me porte ? Je n’en ai plus aucune idée. N’étais-je pas en compagnie de quelqu’un quelques instants plus tôt ? Ça brule. Mon corps brule de l’intérieur. J’ai terriblement chaud. J’ai soif aussi. La gorge sèche. On me dépose sur quelque chose de mou. Un lit, j’imagine. J’agrippe la manche de la personne à côté de moi. Je me souviens du nom de celui qui m’accompagnait.

Sanghiras : Raj….

C'était la première fois, la première fois que Stu rencontrait cette élève : Sanghiras, comment il connaissait son nom ? En ayant fouillé dans les dossiers qu'il possédait à l'infirmerie ! Oui tous les élèves de Sekuen y sont répertoriés avec toutes leurs particularités et surtout leurs allergies possibles, qui sait ce qu'il pourrait se passer si un de nos malheureux infirmiers injectait une mauvaise dose à l'un d'entre eux ? Terrible.
La pauvre Sanghiras était dans un sale état et encore, c'est peu dire.. Stu resta quelques secondes bloqué devant ces lacérations aux tailles incroyables, bon sang mais qui où plutôt quelle genre de créature est capable d'une telle horreur ? Qu'as tu fais Sanghi' ? Tant de questions que le jeune homme aurait aimé poser à la demoiselle seulement le moment n'était pas bien choisit pour !

Sans perdre d'avantage de temps, il déposa la concernée sur un lit et avant même qu'il puisse partir chercher de quoi s'occuper de ses blessures, cette dernière lui agrippa la manche.

Sanghiras : Raj....

C'est à peine si elle parvenait à déblatter d'autres mots, on se serait cru dans un film où la victime faisait un véritable appel de détresse : qui était Raj ? Stu n'en avait pas la mémoire, du moins il ne se souvenait pas avoir parcouru de quelconques pages à son sujet ! Il eu une mine drôlement inquiet et particulièrement peiné pour la jeune femme du fait qu'il ne pouvait pas répondre à ses mots, aussi se contenta t-il de serrer sa main en l'espace de minces paroles se voulant réconfortantes.

- T'inquiètes pas.. Je vais t'aider, tout ira bien..

Il reposa la paume de Sanghiras sur le lit puis parti rapidement chercher son matériel, enfilant de magnifiques gants bleus rappelant toutes les scènes d'épouvantes qu'on ait pu voir dans une vie, l'accessoire immanquable des psychopathes ! Brève de bavardages inutiles, il fallait vite agir et stopper l'intense douleur que devaient procurer les balafres sur le dos de sa camarade, Stu poussa alors Sanghi' de sorte qu'elle se retrouve sur le ventre afin d'opérer librement. Que faire ? Une anesthésie ? Etait-ce vraiment ce qu'il fallait faire ? Il n'en savait rien, et si ces lacérations avaient répandues un poison ou pire encore ? Il fallait lever le doute et quitte à injecter un anti-poison inutile au moins il l'aurait fait avant que sa s'aggrave, ainsi Stu sa hâta à verser ce liquide dans une seringue mais au moment où il s'apprêtait à atteindre la peau de la patiente avec l'aiguille un bruit retentissant dans la pièce le stoppa.

Y'avait-il quelqu'un d'autre ici que le jeune infirmier n'aurait pas vu ? Etait-ce ce fameux Raj dont parlait Sanghiras ?

Après une lutte âpre et acharnée, Raj avait fini par réussir à quitter cette forêt, pourtant si paisible le matin même. Il avait transporté Sanghiras jusqu'à l'infirmerie. D'eux deux, c'est elle qui avait l'air la plus mal en point. La tête de Raj tournait, pourtant, le jeune prince n'arrêta sa course qu'une fois dans l'infirmerie. Malgré le calme qui y régnait, le jeune homme avait l'impression que le mal s'infiltrait par chaque interstice. La pièce dansait sous ses yeux. Il cligna une fois, deux fois. Il essayait de calmer le mouvement frénétique du lieu. En vain. Chancelant, il alla déposer sa camarade sur un lit. Il aurait voulu faire de même, mais la crainte qu'une créature les ait suivis et ne les attaque dans leurs sommeils le tourmentait. Il s'avança maladroitement vers la fenêtre, et alors qu'il en approchait, s'effondra. Bientôt, les ténèbres engloutirent tout. Seul restait cet horrible mal qui se répandait en lui.

"Raj"

Ce mot fit ouvrir instantanément les yeux du jeune homme. Raj...C'était son prénom. Et cette voix...Il la connaissait. Il essaya de mettre un nom dessus. Sam...Sanj...Sang...Sanghiras ! Il écarquilla les yeux. C'était ce nom. Cette fille aux cheveux d'un noir si intense, les plus belles filles indiennes en auraient été jalouses ! Et ses yeux...Oui. Raj connaissait cette fille. Il chercha à discerner quelque chose, mais malgré ses yeux ouverts, il faisait sombre. La nuit ? Peut être. Mais cela impliquait d'avoir été plongé dans les ténèbres durant un certain temps. Outch. Sa tête. Il essaya de se redresser, mais tous ses os lui faisaient terriblement mal. Il savait d'ors et déjà qu'il n'arriverait pas à se relever. Ses jambes ploieraient à nouveau, et qui sait, il retournerait peut être dans les noirceurs de ce monde inconnu. Difficilement, et avec tout le courage qu'il avait en lui, Raj se mit donc à...Ramper. Pour un prince, c'était inimaginable. Mais ces jambes étaient trop lourdes, et rien que déplacer ses bras s'avérait tout un marathon ! Haletant, le jeune homme rampait toujours un peu plus. Malgré sa vision obscurcit par le poison qui coulait dans ses veines, il tentait de se diriger au son, à la respiration de Sanghiras. Il voulait l'apaiser. Lui prendre la main. Pour qu'elle sente qu'il était là, tout près d'elle. A chaque fois qu'il avançait un peu plus, ses vêtements frottaient contre le sol, répétant le même bruit incessant. Bientôt, le jeune homme s'immobilisa. Une autre respiration. Il en entendait comme une deuxième. Un ennemi ? Non. Ce n'était pas un râle, comme pour les Créatures. Et il n'y avait pas dans l'air cette odeur viciée, inexplicable. Cette personne, qui qu'elle était, pourrait les sauver, Sanghiras et lui. Il reprit donc sa marche. Ou plutôt...Sa rampe ? Il avait le souffle court, et commençait difficilement à détailler le monde. Tout était flou. Il vit bientôt quelque chose se dessiner. Sans doute des jambes. Il en attrapa une, encerclant sa main autour de la cheville, pour attirer l'attention, et leva la tête.

▬ Aidez...La.

Le peu de forces qu'il avait en lui commençait à s'estomper. La tête lui tournait à nouveau. La pièce reprenait sa danse macabre. Il ferma les yeux, et posa la tête au sol, libérant la cheville de la personne dont il n'avait pas pu voir le visage. Ne restait plus qu'à espérer qu'elle viendrait en aide à Sanghiras. Malgré les abysses qui refaisaient surface, Raj vit un visage apparaître dans toute la noirceur de ce monde. Un visage qui lui souriait. Sanghiras.

Une main qui serre la mienne. Qui ? A qui ? A qui appartient-elle ? Raj ? Je brule. Je brule de l’intérieur. J’ai chaud. Je veux boire. Rouge. J’ai soif. J’ai mal. Ou suis-je ? Je brule. J’ai mal. Mon dos… Que ça s’arrête. Raj, sors moi de là.

Voix 1 : T'inquiètes pas... Je vais t'aider, tout ira bien…

Voix masculine. Ce n’est pas Raj. Raj n’est pas là. Où est-il ? OU EST-IL ? Raj… Pourquoi n’est il pas là ? Qui est là ? Qui ? Un ennemi ? Ami ? Ami ou ennemi ? Ce n’est pas la voix na Laharl. Ni celle de Zelina. Ce n’est pas un ennemi. Quelqu’un qui veut m’aider… C’est dur à croire. Raj… Je veux Raj… Quelqu’un qui veut m’aider. Que tout aille bien. Comment tout pourrait il bien aller. Moi, je vais mal. J’ai mal. Je souffre. Chaleur. Chaleur. Chaleur. Pitié que ça s’arrête ! Du rouge à travers mes paupières. Chaud. Ça brule. Que je ne m’inquiète pas ? C’est facile à dire ça. De toute façon, j’ai trop mal pour m’inquiéter. Un bruit dans la pièce. Quelqu’un bouge. Qui ? Raj ? Non, Raj n’est pas là. L’autre. L’autre… Pourquoi bouge-t-il ? Il avait dit qu’il me soignerait ? Douleur. Douleur. Douleur. Il doit me soigner. Ne pars pas ! Bruit continue sur le sol. Tambour dans ma tête. Mon crane va exploser. Ça brule.

Voix 2 : Aidez...La.

Autre voix. C’est celle de Raj… RAJ ! Où est-il ? Pourquoi a-t-il autant de mal à parler ? Raj… Il va mal. Pourquoi va-t-il mal ? Il a été blessé. Je n’ai pas réussi à le protéger. C’est ma faute. Ma faute…. C’est moi qui l’ai entrainé là bas. Je dois… Je dois l’aider… Ma faute… Douleur… Non ! Ignorer la douleur. Je dois… le rejoindre. Je me laisser glisser hors du lit d’hôpital et tombe sur le sol. Douleur ! Douleur ! Douleur !! Soif. Sang. Rouge. Rouge sur le sol. Raj… Ignorer la douleur. Je m’appuie sur le lit. Ignorer la douleur. Me lève. Ignorer la douleur. Je suis la voix, à l’aveugle. Raj…. Je souris. Il est là. Je me penche vers lui.

Sanghiras : Raj…

Je m’effondre. Douleur. Obscurité.