Salem était un chat intelligent et compréhensif. Le meilleur animal que Le Suprême ait connu. D'une fidélité sans borne. Vraiment. L'animal de compagnie par excellence. Sans lui, que serait devenu le vieil homme, il y a de cela plusieurs années ? Il se serait emmuré dans le silence. Et tout le monde sait que ça ne va à personne. C'est pour ça que Le Suprême avait aujourd'hui une dette envers cet animal si loyal. Il le garderait près de lui jusqu'à la fin. Il le chérirait. Longtemps, bien longtemps. Le regard brillant du directeur se posa sur la bête alors qu'elle se tournait vers lui.

« Je le ferai, Ô mon maître. Je les trouverai, et votre fils ne pourra qu'admettre la vérité. »

Ce chat...Il était tellement bon avec le vieil homme. Le Suprême eut un léger sourire, imperceptible aux yeux des deux autres. Cet animal l'avait aidé à surmonter tant de choses dures. Et aujourd'hui, une nouvelle fois, il démontrait sa fidélité. Toujours là face à l'adversité. Brave bête. Noble bête.

« J'espère que vous serez enfin heureux, maître. Il vous a tellement manqué. Je serai heureux de vous voir sourire enfin. »

Le félin connaissait si bien le vieux coeur de l'homme. Comment lui mentir ? Comment lui cacher ? Il avait été celui qui avait empêché Le Suprême de se perdre dans la tristesse. Le coeur plein de chagrins, il l'avait accueilli, et Salem l'avait sauvé. Toujours là l'un pour l'autre. Dévoués. A jamais. Et unis.

Yohann, qui n'avait pas pris la parole depuis quelques instants, se décida à le faire.

« Ecoutez. Je suis désolé si je vous ai peiné. Mais ma courte vie ne m'a pas donnée l'occasion de rencontrer des personnes de confiance. Aussi vous pouvez vous en douter, lorsque je vous entend m'affirmer être mon père, de but en blanc, je ne peux qu'être sceptique ... Vous avez l'air gêné par votre apparence. Je mentirais en disant que j'ai vu plus étrange, cependant, vous ne pouvez niez que notre ... lien de sang ? Ne saute pas au yeux. »

Le directeur voulu refermer le rideau. Il voulut remettre sa capuche. Se dissimuler, à nouveau. Il avait honte. Il voulait effacer la mémoire de l'enfant, et peut être même du chat. Mais il ne le pouvait pas. Il ne le devait pas. Ce serait mal. Que ferait-il, ensuite ? Fuir à nouveau la triste réalité ? Dissimuler qu'il était un monstre abject ? Non. Il ne le pourrait pas. Pas plus longtemps. La comédie devait cesser, ici et aujourd'hui ! On lui donnait enfin la permission d'avouer ses fautes, de se justifier. Il ne fallait pas rebrousser chemin. Pas aussi tôt. Pas aussi vite. Il fallait se battre, prouver qu'il n'était pas l'unique fautif dans l'histoire. Se faire pardonner par l'enfant qu'il avait vu grandir dans l'ombre. Cet enfant qui désormais se tenait là, tout proche. La raison qui le faisait souffrir, physiquement et mentalement. La légère décharge électrique qui parcourait son corps depuis l'arrivée de Yohann ne s'apaisait toujours pas.

« De plus, vous avez affirmer ne pas pouvoir me sortir de cet enfer avant aujourd'hui. Pourquoi si tard? Etait-ce si difficile, vu l'étendue de vos pouvoirs, de sortir un enfant d'un orphelinat? Je serais prêts à parier que le mien serait disposé à se débarrasser d'une partie de ses gamins pour quelques sous. Et vous n'auriez pas pu? Juste à cause de votre apparence ? Là encore, désolé, mais c'est trop peu de justification pour moi. Certes, je ne vois pas pour vous d'intérêt à mentir. A coté de ça, je ne vois pas non plus l'intérêt de, si vous être mon père, me laisser massacrer des dizaines de personnes ... Ou alors c'est que votre intérêt n'est que feint ... »

Le directeur ferma les yeux. Il n'avait pas été un bon père. Il l'avait pourtant expliqué à sa femme. Il ne se sentait pas capable de prendre en charge un enfant. Elle lui avait répondu d'un ton apaisant "Ca ira, nous sommes deux". Et pourtant...Elle l'avait quitté, le sourire aux lèvres. Morte. Et lui, malgré la joie d'avoir un fils, la tristesse le rongeait. Morte. Elle était morte. Il ne restait plus qu'à s'accrocher à ce qui les réunissait désormais. L'enfant. Et pourtant. Pourtant cette odieuse fée avait fait de la vie du directeur un enfer. Et elle avait rendu celle de Yohann insupportable. L'enfer était un bien faible mot pour décrire le parcoure réalisé par l'enfant jusque là.

« Yohann je...Je suis désolé. Je n'ai jamais eu la moindre intention d'affirmer que j'étais un bon père. Je ne me voyais pas père, en fait. Et puis tu es arrivé. J'ai changé d'avis. Malheureusement...La vie n'est pas toujours faite de moments agréables. Mes pouvoirs et ce domaine m'auront coûté bien des choses. »

Le directeur dut marquer une pause. Il avait la gorge sèche. C'était la première fois depuis bien longtemps. Il aurait voulu arrêter, demander à l'adolescent de quitter la pièce, mais il se le refusait. Il devait poursuivre. C'était épuisant, mais il le fallait, pour peut être oublier toutes ces années noires.

« Une...Une fée était jalouse de moi. Elle voulait obtenir les terres de mes ancêtres. J'ai refusé. Elle m'a transformé en cette chose monstrueuse. J'ai crû que sa colère s'arrêterait là. Mais...Elle a tué ta mère, pour me détruire un peu plus. Mais tu étais déjà là. Si fort pour ton âge. Tu n'as pas pleuré quand elle a fait de toi ce que tu es aujourd'hui. »

Le Suprême leva les yeux vers son fils.

« Yohann...Tu es mon poison. Elle t'a ensorcelé pour que rester près de toi me soit impossible. Jusqu'à ce que tu contrôles tes pouvoirs tout du moins. J'ai du t'abandonner. Je ne pouvais même pas te toucher. La douleur était trop forte. J'aurai aimé que ça se passe autrement, crois moi. J'aurai aimé me montrer fort, te garder près de moi. Mais...Tu serais mort. Yohann, tu es revenu de toi même. Inconsciemment, tu as du te dire qu'il y avait quelque chose ici qui pourrait t'aider avancer. Yohann, je veux t'aider, car ce que j'ai fais est intolérable. Je veux me montrer digne de toi. Quitte à en mourir... »

L'enfant ne comprend pas. Ne veux pas comprendre, et ne veux pas savoir. Un proverbe dit qu'il n'y a pas plus sourd que celui que ne veux pas entendre.
Le chat sens la souffrance de son maître, sa honte, son désespoir.
Ses regrets aussi. Le chat aimerais bien que l'argumentation du suprême soit convainquante pour que ce gamin injuste le croie et lui pardonne. Après tout, son bon maître n'est pas coupable !!
Le chat ferme les yeux et se frotte contre la taille de l'être. Il ronronne et voudrait le rassurer, miaulant doucement.
Si les chats pouvaient pleurer, un torrent de larme coulerais des yeux smaragdins de l'animal majestueux.
Il écoute solennellement l'argumentation et les raisons de son maître. Il ne parle malheureusement pas de tout. Il sens ses hésitations, les mots qui buttent, les souvenirs douloureux cachés derrière. Il a du mal à supporter ça.
Soudain, il se fige. Les sons se sont tu, et dans sa tête, des mots résonnent :
"Quitte à en mourir..."
Mourir..

NON ! Il ne le permettra pas !! Quitte à passer le reste de sa vie à chercher les preuves et les fées, il ne permettra pas que le Suprême se laisse mourir pour son fils égoïste qui ne crois pas une seule seconde en lui ! Une fureur se déverse dans ses veines. Là, il va agir, ne pas laisser faire. Il crache et feule. Tant pis pour les techniques de séduction et d'amadouement, c'est plus qu'il ne peut le permettre. Il gronde. Autant contre son maître que contre le fils insolent.
Il se tourne vers se dernier, les dents bien montrées, babines retroussées. Mentalement, il lui crache d'une voix grave et rauque, s'adressant à lui seul :

"Toi, gamin égoïste et impertinent, tu ne mérites pas tant de dévotion de la part de ton père. Tu es cruel et ne peux voir sa souffrance, mais elle est là. Tu le condamnes car tu rejettes sur lui ta faute et les meurtres commis par ton autre. Tu ne t'es pas demandé pourquoi ce sont des fées qui t'ont amené à l'orphelinat, créature ingrate ? Tout simplement parce mon maître est dans l'incapacité physique de le faire. Il ne peux sortir de l'école, ou il mourra. Tu décharge ta colère et ta frustration sur un être qui t'aime et qui souffre déjà énormément de t'avoir laissé, en plus de la mort de sa femme, alors pourquoi tant de cruauté de ta part ? Pourquoi l'accabler encore plus ? Pourquoi ne peux tu pas juste accepter les fait et être heureux simplement de savoir ton père en vie ?"

Sir Albertote rétracte ses griffes qu'il ne s'est pas rendu compte d'avoir sorti, sous l'effet de la colère. Il se tasse sur lui même et lit les diverses expressions passant sur le visage de l'affreux garnement.

Le Surpême, hésitant

<< Yohann je...Je suis désolé. Je n'ai jamais eu la moindre intention d'affirmer que j'étais un bon père. Je ne me voyais pas père, en fait. Et puis tu es arrivé. J'ai changé d'avis. Malheureusement...La vie n'est pas toujours faite de moments agréables. Mes pouvoirs et ce domaine m'auront coûté bien des choses. >>

~ Ça a l'air oui. Encore des excuses, mais toujours pas de preuves. Je devrais le croire? Toujours la confiance, ici et là. Croire sur parole, y'a des gens à qui c'est permis? Il a du mal à parler j'ai l'impression. Le fait de l'invention ? Ou bien il cherche les mots pour faire sembler son histoire réelle ? ...

<< Une...Une fée était jalouse de moi. Elle voulait obtenir les terres de mes ancêtres. J'ai refusé. Elle m'a transformé en cette chose monstrueuse. J'ai crû que sa colère s'arrêterait là. Mais...Elle a tué ta mère, pour me détruire un peu plus. Mais tu étais déjà là. Si fort pour ton âge. Tu n'as pas pleuré quand elle a fait de toi ce que tu es aujourd'hui. >>

Yohann, toujours sceptique

~ Ah, encore une fée. Donc des fées qui m'ont apportés à l'orphelinat, d'autres qui me maudisse ainsi que mon sois-disant père. Un malédiction, ça s'annule non? C'est toujours le cas dans les contes de, bah de fées justement ! Genre le baisé d'un prince, ou un truc similaire. Bon après rien ne dit que ces contes ne soient fidèles. On est dans "le monde réel" là. Enfin, tout ça parais complètement fou quand même ...

<< Yohann...Tu es mon poison. Elle t'a ensorcelé pour que rester près de toi me soit impossible. Jusqu'à ce que tu contrôles tes pouvoirs tout du moins. J'ai du t'abandonner. Je ne pouvais même pas te toucher. La douleur était trop forte. J'aurai aimé que ça se passe autrement, crois moi. J'aurai aimé me montrer fort, te garder près de moi. Mais...Tu serais mort. Yohann, tu es revenu de toi même. Inconsciemment, tu as du te dire qu'il y avait quelque chose ici qui pourrait t'aider avancer. Yohann, je veux t'aider, car ce que j'ai fais est intolérable. Je veux me montrer digne de toi. Quitte à en mourir... >>

~ Et le voilà prêt à mourir. Donc je résume : "Bonjour Yohann, je suis le Suprême, directeur de cet établissement. Je voudrais te parler de quelques détails : Premièrement je suis ton père. Ensuite, tu a été maudit par les fées et tu risque probablement de le rester toute ta vie, donc ton hôte meurtrier sanguinaire psychopathe ne cessera jamais ses méfaits. Pour finir, je n'ai absolument pas pû t'empêcher de commettre tes crimes jusqu'à aujourd'hui car je suis un peu défiguré, tu m'en vois désolé. Ah aussi, depuis que je t'ai vu il y a environ 10mn, j'ai soudain l'envie nouvelle d'exercer mes devoirs de père et suis prêt à sacrifier ma vie pour toi." ... Oui tout ça est parfaitement logique et classique ...

Salem se met subitement à cracher, feuler et a faire le dos rond

~ Salem : Toi, gamin égoïste et impertinent, tu ne mérites pas tant de dévotion de la part de ton père. Tu es cruel et ne peux voir sa souffrance, mais elle est là. Tu le condamnes car tu rejettes sur lui ta faute et les meurtres commis par ton autre. Tu ne t'es pas demandé pourquoi ce sont des fées qui t'ont amené à l'orphelinat, créature ingrate ? Tout simplement parce que mon maître est dans l'incapacité physique de le faire. Il ne peux sortir de l'école, ou il mourra. Tu décharge ta colère et ta frustration sur un être qui t'aime et qui souffre déjà énormément de t'avoir laissé, en plus de la mort de sa femme, alors pourquoi tant de cruauté de ta part ? Pourquoi l'accabler encore plus ? Pourquoi ne peux tu pas juste accepter les fait et être heureux simplement de savoir ton père en vie ?

Yohann fixant cette fois Salem, écarquillant les yeux

~ ...

Sa tête se relâche, il ne regarde plus rien

~ Au final, j'aurais encore blessé des gens ...

Il se lève, lentement, jette un regard au chat, au directeur, puis, criant presque

<< Excusez moi ! >>

Il se met à courir vers la porte

~ Sors de là ! Sors de là ! Tout ça dégénère trop vite ! Enfuis toi ! Tu pourra mieux y penser sans ces deux là en face !

La porte refuse de s'ouvrir, Yohann force dessus

~ Maudite porte ! Ouvre toi ! OUVRE TOI !

La porte explose en gerbe de bois

~ Qu'est-ce que ? Tant pis, cours !

Il court, court. Court à perdre haleine. Larme à l'œil; les pensées folles. Il court encore et finit par se perdre ...

Le directeur regardait son fils. Ce fils qui semblait porter un regard très captivé sur le chat. L'animal au poil sombre avait cessé de ronronner. Le silence qui emplissait la pièce était inhabituel. Après pareille révélation, la gêne pouvait bien sûr sauter à la gorge d'un des interlocuteurs, mais là...Ce n'était pas normal. Il y avait quelque chose...De différent. Et rapidement, le Suprême comprit ! Le silence, le long regard échangé entre son enfant et le félin ! Nul doute que Salem sermonnait Yohann ! Malheureusement pour notre cher Directeur, il ne réagit pas assez vite. Ou bien Salem avait-il été plus rapide ? Peu importe au final, le chat avait fini son discours. Il se tenait droit et fusillait d'un regard implacable l'adolescent. Dur. Froid. Sans pitié ? Non. Salem était justement un animal d'une grande bonté. Il agissait ainsi par seul dévouement pour son Maître.

Puis, lentement, Yohann se leva de sa chaise. Le regard de son père se porta automatiquement sur lui. Il était un brin plus pâle qu'après l'annonce du lien de parenté. Soudain, il se mit à crier.

« Excusez moi ! »

Le Directeur voulut se lever, tendre la main vers l'enfant, l'apaiser, tel qu'un père l'aurait sûrement fait. Mais quelque chose de totalement imprévu se produisit. Yohann tourna les talons et prit la fuite. La gorge du Suprême se resserra. Non. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça finisse comme ça ? L'adolescent allait-il quitter l'école maintenant ? N'aurait-il aucune chance de le revoir ? Etait-ce la dernière image, le dernier souvenir qu'il devait garder de lui ? Celle d'un enfant chamboulé, qui fuit pour échapper à la triste réalité ? Le Suprême, las, triste, laissa la pièce se vider de toute la magie habituelle, ce qui facilita la fuite du fils prodige...Presque aussitôt qu'il eut quitté le bureau, ce dernier retrouva toutes ses caractéristiques particulières, et la porte se reconstruisit en un bref instant. Et pendant que le Suprême se laissait choir, dépité, dans son fauteuil, une voix douce, rassurante, vint le réconforter.

« Laisses lui le temps. »

Cette voix...Le Suprême leva les yeux vers ce visage aux traits si exquis. Ce visage si parfait qu'il avait longtemps eut le plaisir de contempler, vivant...Sa femme se dressait là, devant lui. Elle avait senti son désarroi de la tour où elle logeait, et elle s'était précipitée. Elle savait que ce jour arriverait. Et elle était là pour aider les deux hommes de sa vie à surmonter ce dur moment.

« Je ne sais plus quoi faire, Rosy... »

La jeune femme se contenta alors de fredonner une chanson, avant de disparaître dans un bruissement discret. Sa voix, néanmoins, continuait d'emplir le bureau de cette mélodie qui apaisait les âmes.

« Dans le silence éternel, rien n'est plus doux que la vérité. »

Et le Suprême se sentait désormais mieux. Grâce à elle, une fois de plus.

Il... fuit ? Qu'est-ce qui lui prend à ce lâche ? n'a-t'il donc rien compris ? Imbécile un jour, imbécile toujours ! Gamin ingrat et stupide, ce n'est pourtant pas compliqué !!!
Le chat s'énerve, et gronde d'une voix forte dans l'esprit du jeune homme, alors que celui-ci sort de la pièce :

"REVIENS, LÂCHE ! Tu fuis alors que tu as le bonheur à ta portée ?"

Sir Albertote est dépité, découragé, mortifié ! Son maître va être encore plus triste, et c'est de sa faute. Tout ça parce qu'il a agit, parce qu'il a voulu intervenir.

Que faire ? Poursuivre l'enfant pour réparer ses erreurs, et laisser son maître seul ? Ou rester auprès de son maître et le consoler comme il le peut ?
Non, il poursuivra l'enfant. C'est pour le bien de son maître.

Ses réflexions mentales ne durent que peu de temps. Son dilemme ne fu visible uniquement par les contractions convulsives de ses griffes.
Il se ramasse sur lui-même et d'un bond magistral et élégant il s'élance vers la porte avant que son maître ne la répare.