Sonya avançait sous les premiers rayons de l'aube. Les lueurs roses éclairaient le ciel. Ciel qui se découpait çà et là derrière une foule d'arbre maigres et noirs. Elle avançait, avançait encore et encore vers la rivière. Elle traversais une longue plage de galets couverts d'une mousse verte, très odorante. La végétation était dense, comme la plupart des plantes vivants d'un environnement humide. Le chant de l'eau se faisait entendre. Elle passa un gros rocher couvert de terre humide de rosée. L'odeur de la mort était déjà loin. Elle s'adossa au roc et se laissa tomber de tout son corps.
Elle fixa la petite perle noire qu'elle faisait rouler dans la paume de sa main.

Elle observa autour d'elle. Les doux rayons de soleil matinal réchauffait sa froideur vampirique. Quelque chose venait de bouger sur le lit de la rivière. Une biche et son petit venait boire avec attention.
Un petit vol d'oiseau passait dans le ciel. Sonya était au calme. Les morts continuaient de la suivre. Devant elle l'espace de quelques fractions de seconde elle pouvait voir des corps morts sur le sol, ainsi que des hommes, des créatures plutôt... Les dévorer. Elle voyait les visages proches du sien hurlant, le visage ensanglanté. Elle entait des voix. Des voix de petites filles. Une petite fille en particulier. Elle était devant Sonya. La tête basse, fixant le sol. Habillée d'une petite robe noire. Les longs cheveux noirs cachaient son visage. Sonya restait la fixer.

Des murmures ...

[Je veux dormir !!!]

Blanc.
Peur. Non, Lyw ne voyait pas les cadavres, ne voyait plus les autres autour de lui. Tout ce qu'il voyait, c'était cette couleur, ce... blanc.
Des couloirs.
"Ne t'inquiète pas, ce n'est rien qu'un petit vaccin !" Il en avait craché du sang pendant des semaines, test des défenses immunitaires.
Des blouses.
"Allez, c'est le jeu. Cours !" Dalles qui brulent la plante des pieds. Labyrinthe éreintant, où courir au hasard est la seule solution.
Des lits.
Des rideaux.
Des bandages.
Des couverts. De la nourriture. Des douches. Des tables, des chaises, des lampes, des ordinateurs, des barreaux, des cordes, des chaines, des hommes ! Et ce blanc, si blanc, si blanc, si blanc... si Blanc.

Le garçon s'était replié sur lui même, accroupit, sa tête entre ses bras, pour ne plus rien voir de tout cela. Et sa voix, à elle, si douce, et pourtant si froide, tant aimée et tant haie. Elle l'avait bercé, elle l'avait consolé, elle l'avait relevé, elle l'avait préparé, elle l'avait blessé, elle l'avait torturé. Sa peau, si blanche...
Cri.
Rage, douleur, peur, tristesse, mêlées. Amour ?

La nuit retombe. Fatigue. Chacun s'en va, sans le voir. Seul.
Non.
Va-t-en, le loup. Je ne te veux pas. Je ne tiens pas de toi.
Allez, pars. Maintenant.
Dégage, le loup !
Colère.
Animal stupide, veux-tu me laisser tranquille ?
Violence.
Que je te tue, le loup !
Le garçon bouillonne, dans ses yeux brille le scalpel. Ses mains puissantes enserrent le cou, le serrent, serrent plus fort encore, ses pieds rappent le corps de l'animal, frappent, ses dents cherchent à déchirer, déchiqueter, que le sang coule, rouge et chaud, le sang du loup, stupide.
Pas un seul cri dans cette lutte absurde, où le garçon veut tuer le loup.




[Bon, voilà je vais me coucher, devoir demain.

La seule réaction à la peur est la violence, quand on est seul. Désolée, loup.

Vous avez aussi un passage du passé de Lyw. Mais qui est-elle ? La suite au prochain épisode^^. Enfin bon, c'est pas trop dur à deviner...]

Sa réaction surprend le Loup, mais elle est inutile. Que peuvent faire deux mains normales contre 120 kg de muscles et de nerfs ? Rien. Le garçon aux cheveux couleur de la Lune se débat, mais le Loup l'immobilise aisément.

Pourtant, cette rébellion touche une corde sensible. Un éclair sadique passe rapidement dans les yeux de la bête. Lyw se comporte comme une proie traquée qui se défend de toute ses forces. L'odeur de la colère emplit l'air. Un animal sauvage. Voilà ce qu'il est. Un animal blessé qu'il faut apprivoiser. Soit, il le fera. Il l'apprivoisera. Sourire. Le Loup va bien s'amuser, et Nath' aussi. En plus, n'en avait-il pas rêvé depuis des années de rencontrer ce garçon qui avait envahi son esprit et occupé ses pensées depuis ce fameux jour il y a deux ans, où il avait aperçu sa photo dans le journal en deuxième page? La première étant prise par l'effondrement d'un pont suspendu suite à des rafales de vent.(Spéciale dédicace à une personne qui se reconnaitra ^^)
Pourtant... il ne devrait pas...il en souffrira surement, il le sait. Mais... il n'a pas la volonté nécessaire pour ne pas faire quelque chose qu'il souhaite depuis longtemps.

Le Loup souffle. Il donne un coup de langue à l'autre Lycanthrope pour l'énerver. Il esayait de ne pas le blesser, de ne pas lui faire mal. Il sent son corps chaud immobilisé sous ses pattes, et l'énervement de celui-ci, mais aussi de la peur. À cause de lui ? Ou autre chose de plus profond, de plus ancré tout au fond de lui, dont il aura du mal à se débarrasser ?

Soupire. Le Loup le libère, et s'en va rapidement, silencieusement, ses pas ne faisant aucun bruit dans l'herbe, et retourne à sa chambre pour dormir... si il y arrive.